Plus que quelques mois à attendre avant de voir débarquer dans les foyers français les nouveaux compteurs intelligents Linky. Le déploiement en masse de cette nouvelle technologie conçue par ERDF s’accompagne de grands espoirs d’un point de vue écologique mais également d’inquiétudes de la part de certains qui craignent le sort qui sera réservé aux données récoltées.

La CNIL veille au respect de la vie privée des particuliers

 

35 millions de boitiers Linky seront en service d’ici à 2021 en France. L’arrivée de ces nouveaux compteurs intelligents dans nos foyers concrétise la mise en place de la transition énergétique dans l’Hexagone. Quand certains voient là une avancée technologique et sociétale sans précédent, d’autres ne manquent pas de s’interroger sur la sécurité allouée aux données récoltées par ERDF, à l’image de la CNIL qui n’a pas hésité à faire connaître ses inquiétudes en pointant du doigt les potentielles dérives.

                                                                                                                                      

« Le déploiement des compteurs communicants n’est pas sans risque au regard de la vie privée, tant au regard du nombre et du niveau de détail des données qu’ils permettent de collecter, que des problématiques qu’ils soulèvent en termes de sécurité et de confidentialité de ces données », prévenait l’institution en 2013. Les craintes formulées par la CNIL se nourrissaient alors principalement des problèmes de sécurité qu’a rencontrés l’homologue allemand de Linky.

 

Mis en place en Allemagne dans le cadre du programme « E-Energy : ICT-based Energy system of the Future », les compteurs intelligents outre-Rhin ont malheureusement été rapidement piratés et les données personnelles des foyers dotés de ces nouveaux appareils subtilisées par les hackers. En cause, la présence d’un port Ethernet et d’un accès Internet local qui auraient permis aux pirates de s’introduire dans le système et dérober les précieuses informations. Si cet exemple peut donner raison aux détracteurs de Linky, il n’est cependant pas transposable à la France. Le boitier d’ERDF n’est pas pourvu d’un port local et si l’on souhaite avoir accès aux données qu’il renferme, il faut casser la scellé comme sur nos bons vieux compteurs.

 

Pour dissiper tous soupçons entourant l’avenir des données récoltées par Linky, la CNIL est montée au créneau. L’organisme a fait connaître il y a quelques mois quelques recommandations visant à encadrer le processus et protéger la vie privée des particuliers. La première recommandation concerne la courbe de charge. Pour la CNIL « la courbe de charge ne peut être collectée de façon systématique, mais uniquement lorsque cela est justifié par les nécessités de maintien du réseau ou lorsque l’usager en fait expressément la demande pour bénéficier de services particuliers (tarifs adaptés à la consommation, bilans énergétiques, proposition de travaux d’isolation, par exemple).»

 

L’institution a également dressé un tableau d’exigences strictes en termes de sécurité et compte mener régulièrement des analyses de risques permettant d’appréhender en amont les problèmes que pourrait rencontrer Linky. Enfin, la CNIL prévoit d’établir un guide des bonnes pratiques en partenariat avec la Fédération des Industries Électriques, Électroniques et de Communication (FIEEC), afin d’encadrer les nouveaux produits et services qui fonctionneront sur le base des analyses de consommation énergétique des Français.

 

ERDF en mode Data Center

 

L’aventure Linky a beau réveiller les peurs d’un Big Brother en puissance, les fantasmes populaires sont vite mis à mal par le cadre réglementaire auquel doit répondre le déploiement des compteurs intelligents. Si les questions de sécurité peuvent être contrées par des procédures et un dispositif technique efficaces, la capacité d’ERDF à savoir gérer ces monticules de nouvelles informations peut aussi être questionnée. De fournisseur d’énergie, la filiale d’EDF s’apprête à devenir un véritable gestionnaire de données. Une transition qu’il va falloir opérer en protégeant le consommateur.

 

« Imaginez que les compteurs Linky fournissent toutes les 10 minutes de nouvelles données. Nous ne pourrons donc plus gérer les données comme nous le faisons aujourd'hui. La sécurité complète des données de nos clients est prioritaire. La question est de savoir si nous construisons un data center en région pour gérer ses milliards de données, ou si l'on externalise cette gestion. Cela fait partie de notre 2e grand projet sur lequel nous travaillons activement. Une exigence forte pour ERDF, qui deviendra, demain, un gestionnaire de données. Un nouveau métier. Une révolution ! », expliquait Philippe Monloubou, Président du Directoire d’ERDF. Le distributeur d’énergie met tout en œuvre pour veiller à ce que la plus value promise par le compteur Linky conserve sa valeur positive et tente de rassurer les particuliers sur les dérives qui peuvent être associées à ce « smart meter ».

 

Qu’il s’agisse des heures de présence au domicile, du nombre d’appareils ménagers utilisés, du temps passé devant l’ordinateur, la CNIL assure que rien de tout cela ne pourra être retranscrit. ERDF sera en mesure d’accéder uniquement « à la consommation totale des foyers et cette dernière ne sera en rien détaillée au détail pièce par pièce ou par appareil ». La CNIL rappelle également que les données recueillies par ERDF sont la propriété de l’abonné et ne peuvent être utilisées en dehors du cadre établi par le contrat ERDF sans sa permission.

 

Enfin, parallèlement au travail effectué par la CNIL, la Commission de Régulation de l’énergie (CRE) a également mis en place un code de bonnes conduites à destination d’ERDF. Autant de précautions qui font du changement de nos compteurs traditionnels pour les compteurs communicants Linky une affaire maîtrisée de A à Z. 

 

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