L’électrification du parc automobile français est un des grands objectifs de la transition énergétique voulue par le gouvernement. Elle nécessite un vaste plan d’action, auquel les industriels sont prêts à collaborer, pour atteindre les 5 millions de VE en 2030.

Le 16 avril 2019, un groupe de dirigeants industriels de premier plan a cosigné une vigoureuse tribune dans Les Echos, vibrant plaidoyer pour une accélération de l’électrification de la mobilité automobile en France.

Ils regroupent deux énergéticiens (Bouygues Energies & Services, EDF), un gestionnaire réseau (Enedis), un fabricant de matériel électronique, notamment à destination des VE, des bornes de recharge et des solutions smart grids (Schneider Electric), un constructeur automobile (Volkswagen) et l’association Equilibre des Energies. Soit des représentants de l’ensemble de la filière industrielle permettant le développement de la mobilité électrique.

Véhicule électrique : l’amorce d’un décollage

Certes, le véhicule électrique s’impose progressivement dans notre paysage national. Il a atteint 2% des immatriculations en France en fin d’année 2018, tout comme en Allemagne. L’année 2019 démarre sous les mêmes auspices, puisqu’au premier trimestre, les ventes de VE et des hybrides atteignent 14 500 unités, en augmentation de 37% par rapport au premier trimestre 2018. Un décollage est clairement en marche.

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Il est accompagné, au niveau mondial, d’une véritable révolution industrielle du secteur automobile. Tous les grands constructeurs développent des nouveaux modèles électriques, dans toutes les gammes de véhicules. Certain, comme Volvo, ont même annoncé qu’ils abandonneraient sous peu les moteurs thermiques.

Un nécessaire accompagnement pour atteindre les objectifs gouvernementaux

Mais cette évolution doit être accompagnée pour toucher l’ensemble de la population. Les objectifs gouvernementaux sont élevés : 1 million de VE en circulation en 2022, 4,8 millions en 2028, interdiction de la vente des véhicules thermiques en 2040. Les acteurs industriels signataires de la tribune soulignent que, pour atteindre ces objectifs, il faut atteindre un public plus large que les premiers acheteurs de VE, qui étaient les plus faciles à conquérir.

Pour cela, le gouvernement doit maintenir le cap, et proposer un plan d’action volontariste, pour faire de la France un leader mondial de la mobilité électrique. Les signataires ont ainsi définis trois lignes d’actions prioritaires pour la période 2019-2030.

« Soutenir l’image du véhicule électrique »

La première a trait à la communication et la pédagogie, pour changer profondément l’image de la mobilité électrique : il faut, selon les industriels, « soutenir l’image du véhicule électrique en informant le public et les entreprises sur ses points forts et sur son rôle essentiel dans la transition énergétique et la lutte contre la pollution ».

La seconde concerne l’offre de véhicules électriques, dont il faut soutenir le développement : la France doit « déployer une offre plus large de véhicules et de services rendant le véhicule électrique définitivement plus attractif que le thermique ».

Un virage que les constructeurs automobiles du monde entier semblent avoir pris. Le groupe Renault-Nissan est à la pointe de cette mutation, mais l’ensemble des constructeurs européens doivent intensifier leurs efforts, afin de ne pas rester derrière les dynamiques marques asiatiques, japonaises, coréennes ou chinoises. Une offre plus large signifiera également des économies d’échelle, et donc des tarifs à l’achat plus raisonnables.

Densifier le réseau de bornes de recharge

La troisième ligne d’action consiste à « développer des infrastructures de recharge cohérentes et suffisantes pour donner aux électromobilistes l’assurance d’un rayon d’action suffisant et, ce faisant, organiser l’intégration de la recharge avec les bâtiments et avec le réseau électrique ».

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Pour ce faire, les pouvoirs publics doivent poursuivre et améliorer leur travail de déploiement, notamment dans le choix des localisation, qui doivent répondre aux besoins concrets des usagers. Par le passé, trop de bornes de recharge ont été installées en France dans des zones qui n’en avaient pas vraiment besoin ou qui n’étaient pas adaptées, trop loin des pôles d’activité urbains ou ruraux.

Donner envie aux citoyens de s’équiper en véhicules électriques, veiller à ce que l’offre se déploie et que les tarifs baissent, s’assurer que les utilisateurs pourront régulièrement et efficacement recharger leurs batteries : ce sont les trois priorités historiques de la filière, plus que jamais d’actualité.

Soutenir la filière

Les signataires de la tribune pointent également un ensemble de mesures par lesquelles les pouvoirs publics pourraient soutenir la filière. D’un point de vue réglementaire, il préconisent la levée des obstacles à l’installation des bornes de recharge en copropriété et à l’adoption de la mobilité électrique en entreprise. Un travail doit également être fait pour structurer le marché des VE d’occasion, via des normes de diagnostics batterie, fiables et reconnues.

Le gouvernement est également incité à se positionner au niveau européen : pour les dirigeants signataires, les pouvoirs publics « doivent veiller à ce que la mobilité électrique soit réellement propre en oeuvrant à la mise sur pied d’une industrie européenne des batteries et en encadrant leur cycle de vie ».

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Plan mobilité : des bonnes mesures mais qui doivent se concrétiser rapidement

Par ailleurs, les autorités sont invitées à pérenniser les aides financières pour l’acquisition du véhicules électriques, jugées actuellement très efficaces, afin de sécuriser les investissements et donner une visibilité à moyen terme aux acteurs de la filière.

Le plan pour la mobilité électrique, présenté par le gouvernement en début d’année 2019, contient une majorité de ces propositions : par cette tribune, les acteurs industriels incitent l’exécutif à mettre ces mesures en place, sans attendre, pour vraiment donner un coup de fouet à la filière.

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Autre priorité pointée par les signataires de la tribune : promouvoir « de nouveaux modes d’interaction entre véhicules, bâtiments et réseaux ». Sous cet intitulé, les signataires pointent le développement nécessaire des smart grids, et la place que les VE doivent y prendre, entre charge intelligente et utilisation des batteries de VE pour soutenir le réseau électrique. La mobilité électrique doit être un des piliers de cette profonde mutation de la production et la consommation d’énergie et, par tant, des réseaux électriques.

Sur ce front-là également, la France semble en ordre de marche. Nous le découvrirons demain, dans la suite de notre étude.

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