Filigran réussit la plus grande levée de fonds de la cybersécurité française

Filigran, pépite française de la cybersécurité, a bouclé une levée record de 58 millions de dollars. Ce tour de table, mené par Eurazeo, marque une étape majeure pour la startup fondée en 2022, qui ambitionne de redéfinir l’intelligence des menaces à l’échelle mondiale grâce à ses solutions open source.

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Filigran Levee De Fonds Cybersecurite France
Crédits : Filigran | Les Smart Grids

Une levée de fonds emblématique pour la French Tech

Annoncée le 6 octobre 2025, la levée de 58 millions de dollars propulse Filigran au rang de référence internationale de la cybersécurité. Portée par le fonds Eurazeo, aux côtés de Deutsche Telekom Capital Partners, Accel et Insight Partners, cette opération constitue la plus importante levée jamais réalisée par une jeune pousse française du secteur. Depuis sa création, l’entreprise totalise plus de 100 millions de dollars levés.

Selon Samuel Hassine, son co-fondateur et directeur général, « cette Série C est la plus importante levée jamais réalisée par une startup française de la cybersécurité ». Le dirigeant insiste sur un point : Filigran n’a pas voulu d’un simple tour de table financier, mais d’un cercle d’investisseurs incarnant son identité hybride : « une ambition mondiale, sans renier notre ancrage européen ».

Une expansion mondiale centrée sur l’innovation

Avec ces nouveaux fonds, Filigran veut accélérer sur deux fronts : le déploiement international et l’innovation technologique. L’entreprise prévoit de renforcer sa présence aux États-Unis, d’ouvrir de nouveaux bureaux au Japon, au Moyen-Orient et dans la région Asie-Pacifique, tout en consolidant ses effectifs en Europe. Déjà forte de 160 salariés dans le monde, dont une centaine en France, elle envisage de doubler voire tripler ses équipes d’ici 2026.

Sur le plan produit, la startup française poursuit son approche fondée sur le logiciel libre. Elle développe la suite OpenCTI (renseignement sur les menaces), OpenBAS (simulation d’attaques) et prépare OpenGRC, une solution de gouvernance et conformité. Filigran mise aussi sur une nouvelle plateforme d’agents intelligents, baptisée XTM One, capable d’automatiser les liens entre données, attaques et réactions.

Filigran, un modèle français de cybersécurité ouverte

Ce qui distingue Filigran de ses concurrents réside dans son modèle open source, pensé pour rapprocher les acteurs publics, privés et institutionnels du renseignement cyber. Sa plateforme OpenCTI est aujourd’hui utilisée par plus de 6 000 organisations à travers le monde, parmi lesquelles le FBI, la Commission européenne, Bouygues Télécom, Marriott ou encore le constructeur américain Rivian.

Cette ouverture technologique, combinée à une expertise fine du renseignement opérationnel, confère à Filigran un avantage stratégique : sa capacité à prioriser les menaces plutôt qu’à tout bloquer. En favorisant la coopération et la lisibilité des données, l’entreprise propose une cybersécurité « décisionnelle », adaptée aux nouvelles exigences des infrastructures critiques et des grandes entreprises.

Une architecture ouverte et une IA au service de la décision

Au-delà de ses succès financiers, Filigran s’impose comme l’un des architectes d’une nouvelle génération de plateformes cyber modulaires. Là où la plupart des éditeurs misent sur des systèmes fermés et propriétaires, la startup française a choisi la voie inverse : une infrastructure interopérable, capable de s’intégrer avec les outils de détection, d’analyse ou de réponse déjà existants dans les entreprises.

Cette approche « open by design » permet aux équipes de sécurité d’enrichir leurs propres flux de renseignement, d’automatiser la corrélation entre les alertes et d’accélérer les processus de remédiation. Avec XTM One, Filigran introduit un niveau supérieur d’autonomie : des agents d’intelligence artificielle capables d’analyser le contexte d’une menace, de recommander des actions prioritaires et, à terme, de déclencher des réponses automatiques selon les politiques internes.

Cette intégration progressive de l’IA dans les outils d’investigation cyber marque une rupture de paradigme : la sécurité ne se limite plus à la détection, elle devient une discipline prédictive et proactive. Dans un écosystème saturé d’alertes, l’enjeu n’est plus d’avoir le plus de données, mais de savoir lesquelles méritent l’attention humaine.

Cette philosophie de la « cyber intelligence décisionnelle », chère à Samuel Hassine, s’inspire directement de son passé dans le renseignement d’État. Elle pourrait bien définir la prochaine décennie de la cybersécurité, en Europe comme ailleurs : des plateformes ouvertes, collaboratives, augmentées par l’intelligence artificielle, et capables de servir aussi bien une PME qu’un gouvernement.

Une ambition globale, un ancrage français affirmé

En deux ans, Filigran est devenue une success story française. Son siège parisien pilote une croissance fulgurante, soutenue par un réseau mondial d’équipes techniques et commerciales. Pour Samuel Hassine, ancien responsable de la threat intelligence d’ANSSI et d’Airbus, cette levée « va nous permettre de réaliser tous les projets que nous souhaitions mener ces trois prochaines années ».

Symbole de la maturité de la French Tech en cybersécurité, l’opération confirme que la France peut désormais rivaliser avec les États-Unis sur un domaine longtemps dominé par les géants anglo-saxons. Filigran, avec sa vision ouverte et collaborative, entend bien devenir le champion européen de la cyber intelligence.

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