Amazon a officialisé, le 28 octobre, une première série de suppressions de postes, chiffrée à environ 14 000 emplois. Cette vague concerne essentiellement les fonctions de bureau et s’inscrit dans un processus de réorganisation stratégique axé sur les gains d’efficacité permis par l’intelligence artificielle. Une décision marquante dans un contexte où le secteur technologique revoit ses priorités face aux mutations technologiques rapides.
Vers une restructuration de grande ampleur
L’annonce, faite directement par le groupe, concerne « environ 14 000 rôles dans notre effectif des bureaux », selon un communiqué publié sur le site officiel d’Amazon le 28 octobre. Cela représente près de 4 % de ses employés de bureau, dont le nombre est estimé à 350 000. Le chiffre global d’effectifs pour l’ensemble du groupe atteignait environ 1,56 million de salariés, toutes fonctions confondues, fin 2024, d’après les données relayées par Reuters le 28 octobre 2025. Selon les informations révélées la veille par Reuters, Amazon envisagerait à terme de supprimer jusqu’à 30 000 postes au niveau mondial, de façon échelonnée sur plusieurs mois.
Ce plan, toujours en cours d’élaboration, viserait à rationaliser la structure de l’entreprise et à réorienter ses investissements. Le secteur logistique, notamment les entrepôts, ne serait pas directement affecté à ce stade, les coupes ciblant prioritairement les fonctions dites « corporate », comme les services de ressources humaines, de publicité ou les équipes cloud. Une source interne citée par Business Insider précise que cette vague de licenciements a pour objectif de « renforcer la résilience financière de l’entreprise dans un environnement technologique en mutation ».
Une stratégie dictée par l’IA et les impératifs d’efficacité
L’adoption rapide de l’intelligence artificielle générative bouleverse les modèles d’organisation du travail dans de nombreuses entreprises, et Amazon n’échappe pas à cette dynamique. Déjà en juin dernier, Andy Jassy, directeur général du groupe, anticipait publiquement que « l’usage croissant de l’IA réduirait nos effectifs de bureaux dans les années à venir », comme l’a rappelé Le Monde dans son édition du 28 octobre. Dans son communiqué, Amazon évoque la volonté de « devenir plus fort encore, en réduisant davantage la bureaucratie, en supprimant des niveaux [hiérarchiques] et en réaffectant des ressources ». Un langage technocratique qui masque difficilement la volonté de compresser les structures tout en augmentant la productivité grâce aux nouvelles technologies.
L’entreprise a consacré cette année plus de 118 milliards de dollars à des investissements dans l’IA et les infrastructures cloud, selon le Financial Times. Cette réallocation budgétaire massive rend inévitable une réduction des coûts humains, notamment dans les fonctions qui peuvent être automatisées ou réorganisées via des outils algorithmiques. Le site GeekWire indique par ailleurs que ces suppressions ne constituent qu’un « premier jalon » dans une démarche d’optimisation qui devrait se poursuivre en 2026. Une précision qui laisse présager d’autres coupes à venir, même si aucun calendrier officiel n’a encore été communiqué.
Quelles conséquences sur le marché de l’emploi technologique ?
L’annonce d’Amazon intervient dans un climat déjà tendu sur le front de l’emploi dans le secteur technologique. Depuis le début de l’année, plusieurs grandes entreprises du numérique ont engagé des plans similaires, justifiés par une volonté de recentrage stratégique et de rentabilité accrue. Amazon, en tant qu’acteur structurant de cette industrie, envoie un signal fort. Selon ABC News, les salariés concernés se verront proposer « 90 jours pour rechercher un nouveau rôle en interne ». Cette disposition vise à absorber une partie du choc social en facilitant la mobilité interne.
Toutefois, rien ne garantit que ces réaffectations puissent absorber la totalité des postes supprimés, d’autant que certains services sont déjà saturés. L’impact de cette restructuration pourrait également se faire sentir en dehors des États-Unis, même si Amazon n’a pas encore précisé la répartition géographique des suppressions. Pour de nombreux experts, cette annonce confirme que l’automatisation touche désormais des fonctions stratégiques jusqu’alors préservées, et que les métiers du bureau, notamment dans le management intermédiaire ou l’analyse de données, ne sont plus à l’abri. La décision du géant américain reflète une tendance de fond : l’intelligence artificielle ne se contente plus d’optimiser les entrepôts ou les chaînes logistiques, elle redéfinit l’ensemble des métiers, y compris ceux des cadres et ingénieurs. Un virage structurel qui pose de nouvelles questions sur la durabilité de certains types d’emplois à l’ère numérique.








