De toutes les métamorphoses entamées ces dernières années pour rendre des villes intelligentes, l’une des plus impressionnante est sans conteste la ville japonaise de Yokohama. Le terreau y était fertile, la ville sortant de 25 ans de réaménagements urbains d’importance en concertation entre privé, public et habitants. Il n’en reste pas moins qu’en moins de dix ans, la ville peut se targuer d’avoir connu une nouvelle métamorphose, celle des villes du XXIème siècle. Récit.

La ville portuaire de Yokohama est située dans la baie de Tokyo et a longtemps été considérée comme une simple cité-dortoir pour la capitale doublée d’un port dominé par une tentaculaire zone industrielle. Aujourd’hui elle est citée en exemple pour toutes les villes d’Asie qui veulent entamer une révolution urbaine, à commencer par Dehli, en Inde. Seconde ville du Japon, elle affirme aujourd’hui son leadership mondial dans le domaine des Smart Cities.

Le plan Smart City de 2010, un héritier du plan d’aménagement urbain de 1981

Son Yokohama Smart City Project (YSCP), lancée en 2010, est une réussite complète. La ville avait de solides antécédent derrière elle en matière d’aménagements urbains modernes et fonctionnels. En effet, dans les années 1960, la ville était un désastre urbain et écologique : des embouteillages récurrents, une ville polluée, une augmentation des déchets qui semblait sans fin.

Il a fallu un plan lancé en 1981 pour moderniser de fond en comble la ville, depuis le réaménagement du port en un centre-ville moderne (le fameux projet Minato Mirai 21) jusqu’à la création d’un ville nouvelle, en passant par des constructions de routes, de chemin de fer, d’un pont, une amélioration du traitement des eaux, des déchets, une réduction (déjà) des émissions de carbone, etc.

Un fructueuse collaboration public-privé-population

Mais le plus pertinent pour la réussite du YSCP, c’est que le plan de 1981 avait été développé et mis en place en collaboration entre le public, le privé et les habitants. La population avait été très fortement impliquée et de fructueux partenariat public-privé noués.

Un héritage sur lequel s’est appuyé le nouveau plan, poursuivant sur une logique de discussion et de concertation. Dans une cité qui venait de réussir une révolution dont les habitants avaient été partie prenante, c’était énormément de temps de gagné !

Car une ville ne devient pas une Smart City si la population, les autorités et les entrepreneurs n’avancent pas ensemble vers un même objectif. Yokohama a réussi cette belle alliance. Et, en moins de dix ans, les résultats sont là, éclatants, convaincants, comme une balise pour toutes les villes qui voudraient devenir intelligentes.

Un premier plan quinquennal… achevé plus tôt que prévu !

A l’origine, en 2010, le YSCP a commencé par un programme quinquennal pour les trois districts emblématiques du plan de 1981, le centre urbain Minato Mirai justement, la zone résidentielle de la ville nouvelle de Kohoku et la zone industrielle de la Yokohama Green Valley. Ces quartiers sont devenus pleinement intelligents plus tôt que dans les prévisionnels, et la ville a décidé de rendre « intelligente » une vaste zone de 435 kilomètres carré.

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Les projets phares étaient l’introduction d’énergies renouvelables, la gestion de l’énergie des ménages, des bâtiments et des communautés locales et des systèmes de transport de prochaine génération. Les autorités ont demandé à de grands groupes privés de développer, rapidement, des solutions dans ces domaines – Accenture, Tokyo Gas, Toshiba, Nissan Motor, Panasonic, Meidensha ou TEPCO -, mais en menant, en parallèle, de constantes rencontres avec les citoyens, pour les faire réagir à chaque nouveau projet.

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«La participation du public a été importante pour nous, car elle rend les citoyens actifs et les amène à se comporter de manière responsable», a ainsi déclaré Toru Hashimoto, directeur exécutif du département de coopération pour le développement de Yokohama. Et, sur chacun de ces chantiers, la réussite a été au rendez-vous, souvent plus tôt que planifié.

Energies renouvelables, transports électriques et objects communiquants

Des panneaux solaires ont été installés sur 249 sites, pour une production totale de 37MW, et les chantiers demeurent nombreux ; parallèlement une douzaine de sites ont été équipés en énergie éolienne, hydroélectrique ou en biomasse.

La ville disposait déjà d’un solide système de bus et de métro, le YSCP a mis en circulation 2 300 véhicules électriques et autant de stations de charge à travers toute la ville.

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Mais les deux plus grandes réussites sont sans conteste les objets communicants et les smart grids. La ville est réellement devenu intelligente par l’installation de capteurs et une collecte constante de données sur tous les points capitaux de la ville – transports, énergie, déchets, etc. Ces données sont traitées en partenariat avec la population et les acteurs concernés afin de réagir au jour le jour et planifier les actions pour les semaines, les mois, les années à venir.

Une réduction de la consommation de 20% grâce au Smart Grid

La mise en place d’un réseau électrique intelligent a eu une part considérable dans cette réussite : la ville est en train de généraliser les capteurs et compteurs communicants tant pour les zones d’habitation que pour les zones commerciales ou industrielles.

Elle a été conforté dans ce choix par la brillante réussite du premier plan quinquennal : en installant un smart grid dans seulement 4 000 logements, la ville avait pu faire baisser la consommation d’énergie de 20% – ce qui est considérable, et bien au-delà des prévisionnels les plus optimistes en France.

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Bien évidemment, ce chiffre a été obtenu dans des quartiers neufs, qui avaient été pensé, dès leur construction, pour optimiser la gestion de l’énergie. Le bilan à l’échelle de la ville entière sera probablement inférieur, mais devrait, selon les prévisionnels, demeurer à deux chiffres. En cause : une intégration optimale des nouvelles sources d’énergies renouvelables, une consommation mieux maîtrisée par des citoyens devenus acteurs de leur énergie, un réseau qui évite les congestions et les gaspillages.

Au bout du compte des économies pour tous, habitants, industriels, commerçants, municipalité, gestionnaire du réseau – et une réduction considérable des émissions de gaz à effet de serre, de l’ordre de 30%. De quoi se rêver Japonais…

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