L’éco-quartier Clichy-Batignoles, fer de lance de la mandature d’Anne Hidalgo, devrait s’achever en 2020 : construit sur une friche ferroviaire, il respecte toutes les normes les plus strictes en matière de consommation d’énergie et visera un bilan carbone neutre. Le smart grid qui pilotera l’ensemble du quartier a été inauguré fin mai, et sera probablement le premier réseau intelligent de cette ampleur en France.

Le Nord-Ouest parisien est en train de faire sa mue, une mue résolument écologique et visant l’excellence en matière de consommation d’énergie. Construit sur l’une des plus grandes friches disponibles intra-muros, l’Eco-Quartier Clichy-Batignoles devrait voir le jour en 2020. Plus grand projet immobilier de la mandature d’Anne Hidalgo, c’est aussi l’un des plus ambitieux, notamment d’un point de vue énergétique.

Un projet d’aménagement urbain à grande échelle

Construit sur une surface de 54 hectares dont 10 hectares de parc, l’éco-quartier proposera 3 400 nouveaux logements, permettant d’installer pas moins de 7 500 habitants ; plus de la moitié des surfaces seront destinées au logement social, avec comme objectif de privilégier les catégories sociales ayant le plus de difficulté à trouver à se loger sur Paris.

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12 700 personnes y travailleront, soit dans les 140 000 m² de bureaux qui seront construit, soit dans le projet architectural phare du quartier, une tour ultramoderne de 120 000 m² abritant le futur Palais de Justice et la future Direction Régionale de la Police Judiciaire,

Une ambition énergétique d’ampleur : viser le bilan carbone nul

Mais c’est bien d’un point de vue énergétique que le quartier sera le plus à la pointe. La pierre angulaire de cette ambition sera la performance thermique des bâtiments, puisque l’éco-quartier s’est donné des objectifs plus élevés que la dernière réglementation thermique (RT 2012). Ainsi la consommation nécessaire au chauffage devrait être inférieure à 15 kWh/m2/an, et la consommation totale inférieure à 50 kWh/m2/ an.

L’objectif est que le site tende vers un bilan carbone neutre. Pour ce faire, la géothermie profonde permettra de fournir chauffage et eau chaude sanitaire. 40 000 m2 de toitures photovoltaïques seront installées, permettant de produire environ 4 500 Mwh par an.

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Performance thermiques, production d’énergies, collecte verte des déchets…

Autre innovation, la collecte des ordures s’effectuera de matière automatique par un réseau pneumatique souterrain, qui amènera les déchets jusqu’aux centres de tri : en supprimant la circulation de camion bennes, la pollution sera réduite, de 42 % pour les émissions de gaz à effet de serre, de 98 % pour le monoxyde de carbone, de 86 % pour l’oxyde d’azote et de 90 % pour les particules fines.

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D’autres innovations accompagneront ce nouveau quartier, comme une réutilisation des eaux pluviales pour l’irrigation, permettant de réduire de 50% les rejets d’eau pluviale, ou l’utilisation de matériaux renouvelables, en en interdisant certains, comme le PVC.

Pour une excellence énergétique, il faut un pilote dans l’avion – le smart grid CoRDEES

Mais pour atteindre cette performance énergétique, l’ensemble du quartier avait besoin d’un pilotage efficace, d’un smart grid. C’est d’autant plus important que le quartier va produire et consommer de l’énergie : un pilotage en temps réel est indispensable pour atteindre les objectifs fixés.

Nommé CoRDEES (Co-Responsibility in District Energy Efficiency & Sustainability), le smart grid de l’éco-quartier Clichy-Batignoles, le premier de cette ampleur en France, a officiellement été inauguré le 31 mai par Jean-Louis Missika, adjoint à la maire en charge de l’urbanisme et de l’architecture.

« Cela permettra de constituer le premier réseau énergétique intelligent (smart grid) de grande ampleur. Si par exemple, les ordinateurs constatent un pic de chauffage anormal dans un immeuble, une alerte sera déclenchée et toutes les mesures seront prises pour comprendre ce qui se passe et retrouver une situation normale », a précisé un technicien lors de cette inauguration.

Des bâtiments intelligents reliés à un réseau intelligent

Car, bien évidemment, tous les logements et bureaux seront équipés de capteurs et de compteurs intelligents, permettant de suivre en temps réel les occupations et la consommation d’énergie. Dans le même temps, le smart grid pourra mesurer, également en temps réel, la production d’énergie par panneaux photovoltaïque et par géothermie, et proposer les meilleurs choix en terme de consommation pour s’adapter à la production.

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Le budget de CoRDEES est de 5,4 millions d’euros, dont 4,3 millions seront apportés par un financement européen obtenu en remportant l’appel à projets « Actions Innovatrices Urbaines » (AIU) du FEDER (Fonds Européen de Développement Economique et Régional). Il est le fruit d’un partenariat entre cinq entités : la ville de Paris ; le complexe Paris Batignoles Aménagement ; Armines / Paris Tech, un laboratoire lié à l’Ecole des Mines ; Embix, un bureau d’étude spécialisé dans les smart grids ; et enfin Une Autre Ville, une PME spécialisée dans l’aménagement durable.

Une gouvernance énergétique collective et responsabilisante

Une des grandes originalités de ce smart grid est qu’il se présente d’emblée comme collaboratif : au-delà de la plateforme de gestion, il a l’ambition de mettre en place une gouvernance énergétique collective, en impliquant tous les acteurs, depuis le gestionnaire réseau jusqu’aux producteurs d’électricité photovoltaïque ou d’énergie géothermique, en passant par les entreprises locataires ou propriétaires de bureaux, les administrations présentes, mais aussi, et surtout, les habitants.

Il a pour ambition de mettre en place des stratégies collectives, de passer par la concertation pour améliorer l’efficacité énergétique du quartier, de convaincre plutôt qu’imposer, en responsabilisant tous les acteurs. Le but n’est pas de forcer un particulier ou un bureau à réduire la luminosité ou le chauffage à certaines heures, mais de leur expliquer les gains, individuels et collectifs, que représentent ce choix.

Cette ambition porte un nom : « facilitateur énergétique ». C’est également un laboratoire grandeur nature de ce type de gouvernance, appelé, en cas de réussite, à être développé dans d’autres quartiers, d’autres villes, et, pourquoi pas, à l’échelle d’une région ou du pays tout entier.

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