L’AIE vient de publier un rapport très complet sur les effets de la numérisation sur le secteur de l’énergie, notamment ses impacts sur la manière dont l’énergie est produite et consommée. Première partie de notre étude, présentant l’accélération générale de la numérisation de l’énergie, puis étudiant ses effets sur la consommation d’énergie dans les transports.

En novembre 2017, l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) a publié un passionnant rapport sur la numérisation du secteur de l’énergie dans le monde, les gains et risques de cette révolution. Baptisé Digitalization and Energy 2017, ce rapport analyse la bascule, en cours, vers des systèmes énergétiques plus connectés, intelligents, efficaces, fiables et durables.

Il met largement en avant les avantages qu’offrent les technologies numériques à la gestion de l’énergie, mais il pointe également les risques en terme de sécurité ou de confidentialité.

Précisons que ce rapport, que nous allons analyser, évoque l’ensemble des secteurs de l’énergie, incluant les combustibles fossiles utilisés pour produire de la chaleur ou du mouvement mécanique, et non de l’électricité (dans l’industrie, le chauffage, les transports essentiellement). Nous ne les mentionnerons que rapidement, et nous centrerons sur les problématiques liées à l’électricité, aux réseaux intelligents, aux bâtiments et objets intelligents.

90% des données mondiales ont moins de deux ans

Digitalization and Energy 2017 pose d’abord le constat d’une révolution digitale, qui s’impose dans tous les secteurs de l’activité humaine, et se déploie à un rythme exponentiel : en trois ans, le trafic Internet a triplé, et 90% des données stockées aujourd’hui dans le monde ont été produites au cours des deux dernières années ! Les objets connectés devraient ainsi passer de 8,4 milliards en 2017 à 20 milliards dès 2020.

Historiquement, le secteur de l’énergie a été l’un des tous premiers à se doter d’outils numériques, notamment pour l’électricité : dès les années 1970, la gestion et l’exploitation des réseaux électriques ont été facilités par des nouvelles technologies liées à l’informatique.

Augmentation exponentiel de la numérisation de l’énergie

Mais cette évolution a connu un brutal coup d’accélérateur depuis une quinzaine d’années : le rythme de la digitalisation ne cesse depuis d’augmenter. Les investissements dans la numérisation de l’énergie ont explosés ces dernières années.

Pour le seul secteur de l’électricité, les investissements mondiaux en infrastructures et logiciels smart grid ont augmenté de plus de 20% par an depuis 2014, atteignant 47 milliards de dollars (38 milliards d’euros) en 2016.

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Les transports : améliorer l’efficacité énergétique et réduire les coûts de maintenance

Le rapport analyse ensuite l’impact des outils numériques sur les trois principaux secteurs de la demande en énergie, transport, bâtiments et industrie, notamment sur la réduction de la consommation.

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Les transports représentent 28% de la demande énergétique mondiale finale (essentiellement sous forme de carburants issus de combustibles fossiles) et 23% des émissions mondiales de CO2. L’AIE prévoit une augmentation de près de 50% de cette consommation d’ici 2060.

En la matière, la numérisation permettrait d’améliorer l’efficacité énergétique et réduire les coûts de maintenance – donc augmenter la durée de vie des véhicules, et ainsi éviter les dépenses énergétiques liées à des renouvellements trop réguliers.

 

Dans l’aviation ou la marine, les derniers appareils produits sont équipés de milliers de capteurs, générant un nombre impressionnant de données. L’ensemble de ces données permettent aux pilotes d’optimiser leurs itinéraires en fonction des conditions de transport, et ainsi réduire la consommation de carburants des avions et navires.

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Un scénario-type pour optimiser la consommation du transport routier

Il en est de même pour le transport routier : l’AIE a publié un rapport sur le sujet, Future of Trucks, qui explore l’impact énergétique d’un ensemble d’innovations numériques. Parmi elle, citons :

  • le GPS couplé avec des informations de trafic en temps réel pour l’optimisation des itinéraires
  • la surveillance de la consommation et de la vitesse indiquée au conducteur, qui améliorent la performance de l’éco-conduite
  • la connectivité des véhicules qui permet d’optimiser l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement, afin d’expédier plus de marchandises avec moins de voyages

L’AIE estime que l’application généralisée de ces solutions aux opérations de camionnage et à la logistique pourrait réduire la consommation d’énergie du fret routier de 20 à 25%.

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Le véhicule autonome : entre 50% d’économies ou un doublement de la consommation !

Mais le changement le plus spectaculaire que pourraient offrir les technologies numériques aux transports concerne le transport par la route : il s’agit de la mobilité automatisée. En la matière, les études divergent sur l’impact énergétique de cette révolution, en fonction de la façon dont elle sera utilisées par les constructeurs, les transporteurs, les particuliers et les politiques.

Dans le meilleur des cas, une généralisation de l’automatisation et du covoiturage grâce à la connectivité offrirait une réduction de consommation d’énergie de moitié. Dans le pire des cas, l’automatisation faciliterait tellement le transport par route qu’elle provoquerait une augmentation massive du trafic, doublant ainsi la consommation d’énergie du secteur !

Rendez-vous demain pour la suite de notre étude, centrée sur les deux autres secteurs majeurs de la consommation d’énergie – les bâtiments et l’industrie.

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