Le développement du véhicule électrique (VE) associé à des technologies smart grid de flexibilité (charge intelligente) va profondément modifier le visage de la mobilité. De très nombreux industriels, constructeurs automobiles et énergéticiens, se sont déjà engagés dans cette révolution technologiques, dans des synergies fécondes.

Nous avons vu, dans la seconde partie de notre étude, comment la généralisation des solutions de recharge intelligente, notamment le vehicle-to-grid, pouvaient offrir une importante flexibilité au réseau électrique, notamment dans une optique de développement des renouvelables intermittents.

Au-delà du réseau des démonstrateurs smart grids, de nombreux industriels se sont lancés dans cette aventure, dans une optique de synergie transversale – constructeurs automobiles investissant dans des dispositifs de soutien au réseau électrique, énergéticiens développant des solutions dédiées à la charge des VE.

Renault-Nissan, à fond sur la charge intelligente !

Le groupe Renault-Nissan est au premier rang de ces industriels de l’automobile développant des solutions de charge intelligente. Renault a ainsi créé une filiale dédiée, Renault Energy Services, dont l’objectif est « d’investir dans des projets autour des réseaux électriques intelligents, ou smart grids, en créant des liens privilégiés avec les différents acteurs de l’énergie ».

Le constructeur a également acquis 25% du capital d’un start-up néerlandaise, Jedlix, spécialisée dans la recharge intelligente. Premier fruit de cette union, l’application smartphone ZE Smart Charge permet à son possesseur de programmer la charge de son VE quand l’électricité est la moins chère, afin de faire des économies. Elle a été déployée dans toute l’Europe cette année.

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Nissan travaille de son coté à des solutions de charge intelligente et de réutilisation de batteries pour du stockage stationnaire. Le constructeur japonais a développé le concept futuriste de la Smart Street, une rue connectée où les véhicules sont autonomes, électriques, se rechargent seuls et soutiennent le réseau électrique quand ils ne sont pas utilisés.

Tesla contrôle toute la chaîne de l’électro-mobilité

L’implication de Tesla dans le secteur de l’énergie remonte à 2016 et l’acquisition de la start-up spécialiste du photovoltaïque SolarCity. Tesla contrôle depuis toute la chaîne de la mobilité, production d’électricité photovoltaïque, construction de batteries mobiles et stationnaires, construction de véhicules – ce qui lui permet de tester ses propres solutions smart grid en autonomie ou en partenariat avec d’autres industriels. L’entreprise d’Elon Musk a, bien évidemment, développé des solutions de charge intelligente.

De son coté, Audi a déployé une solution encore plus complète, comme un démonstrateur grandeur nature de la Smart Street rêvée par Nissan. EN partenariat avec la start-up suisse Ampard, le constructeur allemand a créé un projet pilote intégrant différentes tailles de panneaux photovoltaïques, accumulateurs stationnaires et véhicules électriques. L’ensemble forme une « centrale électrique virtuelle », contrôlée par un smart grid, où production et consommation sont pilotées en temps réel, et où les batteries (stationnaires ou de VE) permettent de lisser l’intermittence du photovoltaïque.

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Les énergéticiens investissent dans la mobilité électrique

Les énergéticiens se sont également engagés dans le développement du parc de véhicules électriques, soit en développant des solutions originales de charge, soit en proposant des offres tarifaires avantageuses.

EDF propose par exemple une offre réservée aux possesseurs de véhicule électrique, leur permettant de bénéficier d’une électricité renouvelable 40% moins chère, la nuit et les week-end, pour recharger leur véhicule, mais aussi les autres usages électrique. Cette solution leur donne également accès à un réseau de 50 000 bornes de recharge publiques.

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Engie a lancé une offre de même type, offrant 50% de réduction sur le tarif des heures creuses aux possesseurs d’un VE.

Enel, l’équivalent italien d’EDF, vient de se porter acquéreur d’un spécialiste de la charge des véhicules, eMotorWerks. Cette société californienne a notamment développé une plateforme de gestion intelligente de la charge des VE, JuiceNet. Cette plateforme permet de choisir de recharger son véhicule quand l’électricité est moins chère et / ou plus verte, mais permet également de dialoguer et d’interagir avec le réseau électrique. Les utilisateurs peuvent ainsi adhérer à une système de vehicle-to-greed, qui peut leur offrir des revenus complémentaires.

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Quand les pétroliers anticipent la fin du pétrole

Les spécialistes des hydrocarbures également commencent à anticiper la fin du pétrole. Si la plupart des grands groupes pétroliers, Total en tête, investissent depuis des années dans les énergies renouvelables, ils se tournent également désormais vers le VE et les infrastructures de charge.

BP s’est ainsi porté acquéreur de Chargemaster, spécialiste britannique de recharge de VE, notamment des chargeurs ultra-rapides, ou de FreeWire, une société californienne développant des solutions innovantes de charge. Shell multiplie de son coté les acquisitions de start-up spécialisés dans les réseaux électriques. La dernière en date est GI Energy, un spécialiste des micro-grid. Le pétrolier néerlandais a également racheté NewMotion, qui possède 30 000 bornes de recharge à travers toute l’Europe.

Toutes ces démarches prouvent la confiance qu’ont ces grands groupes dans la révolution de l’électro-mobilité (conjointement, dans l’immense majorité des cas, à celles des énergies renouvelables), et dans la nécessité de développer des solutions high-tech adaptée à cette nouvelle donne. Des solutions intelligentes, de pilotage et de contrôle en temps réel, pour ne plus gaspiller d’électricité, et pour lisser sa consommation.

 

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