Longtemps renvoyé aux calendes grecques, le nouveau compteur électrique d'ERDF, Linky, fera son apparition en France à compter de la mi-2015. A l'horizon 2021, ce sont plus de 35 millions de foyers qui devraient en être équipés. Alors que le gouvernement a initié la transition énergétique promise par François Hollande, le projet d'ERDF semble être une aubaine pour l'économie et l'écologie.

A l'origine, la mise en place des compteurs Linky par le groupe Electricité Réseau Distribution France ERDF) est le fruit de directives européennes enjoignant aux Etats membres de déployer des compteurs communicants dans 80 % de leurs foyers avant 2020. Après avoir cherché à déréguler le marché de l'électricité au sein de l'Union européenne (UE), la Commission souhaitait mettre en place de manière logique un moyen de mieux connaître, prévoir et maîtriser la consommation électrique des habitants d'un quartier, voire d'une région ou d'un pays. Disposant de technologies avancées dites AMR, les compteurs identifieront de manière plus précise et détaillée – et même en temps réel – la consommation énergétique d'un foyer, et la communiquera au gestionnaire des données de comptage.

« Des offres tarifaires adaptées aux besoins spécifiques de chacun »

Linky va ainsi permettre à ErDF d'effectuer deux tiers de ses interventions et de relever les consommations à distance. L'opérateur français compte sur les économies ainsi réalisées pour financer en partie les investissements engagés, auxquelles s'ajoute un gain de 1,9 milliard d'euros issu de la réduction des fraudes et autres « pertes non techniques ». L'ensemble des économies d'exploitation évitera in fine aux consommateurs de payer quoi que ce soit de leur poche, sur les 5 à 6 milliards d'euros que représentent le projet.

En plus de la gratuité de l'installation, le compteur Linky permettra de consommer plus intelligemment. La facture sera effectivement basée sur la consommation réelle en électricité des ménages français, et non plus sur une estimation comme c'est le cas aujourd'hui. De plus, dans un rapport rendu en juillet dernier, la Commission de régulation de l'énergie – autorité administrative indépendante chargée de veiller au bon fonctionnement du marché de l'électricité en France – estime que cette nouvelle technologie incitera les fournisseurs à « proposer des offres tarifaires adaptées aux besoins spécifiques de chacun avec des prix différents selon les périodes de l'année ou de la journée ».

Consommer plus intelligemment ; adapter les offres tarifaires aux besoins réels. Autant d'avantages primordiaux à l'heure où le prix de l'énergie s'apprête à augmenter. Et même si la ministre de l'Energie, Ségolène Royal, a promis de limiter et de lisser dans le temps les effets de cette augmentation, l'installation des compteurs Linky permettra de l'atténuer certainement. Toutefois, pour que cette technologie soit le plus possible efficiente, il convient qu'elle soit généralisée au plus grand nombre de consommateurs. L'économie d'entreprise étant ce qu'elle est, la multiplication des compteurs entraînera ipso facto une diminution des interventions techniques coûteuses, et in fine une flexibilisation optimale de ses tarifs par ERDF.

Linky ou le savoir-faire français en matière de technologies

A l'occasion d'une conférence de presse sur le projet de loi d'orientation énergétique, Ségolène Royal a clairement rappelé l'importance du chantier tout en soulignant la qualité des technologies françaises, « très en avance sur ce sujet-là ». Linky s'inscrit en effet dans une réforme globale des technologies de la communication en France, après que François Hollande a déclaré vouloir rendre accessible à l'ensemble du territoire la fibre optique et le très haut débit, notamment.

La mise en place des compteurs communicants dans quelque 35 millions de foyers français d'ici 2021, entrainera un stockage de données considérable par le gestionnaire du réseau électrique. A ce titre, certaines voix se sont élevées pour dénoncer les risques de divulgations des informations personnelles des consommateurs. Toutefois, la Commission de régulation de l'énergie a tenu à réaffirmer son rôle de contrôle des gestionnaires de ce point de vue ; ces derniers, en application du code de l'énergie et d'un « code de bonne conduite » dûment paraphé, ont obligation de préserver la confidentialité des informations privées de leurs clients.

C'est par conséquent muni de certitudes économiques et de l'assurance que les données privées le resteraient, qu'ErDF a rendu public les résultats de l'appel d'offres lancé en 2013. Ainsi, 6 entreprises – donc 2 françaises et 2 européennes – ont été retenues pour la fabrication des trois premiers millions de compteurs Linky. Et alors que ce mode de comptage électrique devrait devenir la norme dans un paysage de l'énergie en pleine évolution, « un contrat de cette ampleur est une excellente vitrine pour l'export » des entreprises françaises, estime Sylvaine Couleur, directrice de la communication de Sagemcom, l'une des deux boites tricolores retenues et grandes gagnantes de l'appel d'offres.

Outre les avantages économiques certains, pour les deux parties, des compteurs Linky, ceux-là observent le nécessaire respect de l'environnement, en évitant notamment le gaspillage énergétique. Ainsi, la possibilité pour le consommateur de modifier plus facilement le contrat qui le lie à son fournisseur – changement de puissance, déménagement, etc. – est de ce point de vue fondamentale. En plus de se conformer aux directives de Bruxelles, la France, grâce à Linky, poursuit donc la transition énergétique qu'elle a engagée.

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