Confrontée à une forte croissance de la demande, tant interne qu’externe, la Côte d’Ivoire souhaite accroître la production d’électricité tout en restructurant son mix énergétique. Le recours aux réseaux intelligents s’avère indispensable.

Quarante millions d’euros. C’est la somme que le gouvernement ivoirien compte investir dans un réseau électrique intelligent (smart grid) afin de booster ses exportations d’électricité. « Nous investissons dans le digital parce que nous désirons mettre en place un réseau intelligent pour un management optimal de nos exportations d’électricité vers les pays voisins, mais également à cause de notre demande interne croissante », a affirmé Amidou Traoré, responsable de la gestion du secteur électrique à CI-Énergie.

Selon les chiffres de l’université canadienne de Sherbrooke, la consommation d’électricité en Côte d’Ivoire a progressé de 193 % en 43 ans, de 94,35 kilowatts-heure (kWh) par personne en 1971 à 276,15 kWh par personne en 2014. Et la tendance devrait se poursuivre au cours des prochaines années. En 2020, les Ivoiriens devraient consommer environ 340 kWh par personne. Une augmentation qui s’explique en partie par la promesse gouvernementale de raccorder l’ensemble de la population à l’électricité à l’horizon 2025, contre 80 % actuellement.

À cela s’ajoute l’ambition affichée par la Côte d’Ivoire de se positionner en puissance électrique régionale. Le pays, qui exporte déjà de l’électricité au Ghana, au Burkina Faso, au Mali, au Togo et au Bénin, envisage à terme de fournir de l’électricité à la Sierra Leone, au Liberia et à la Guinée.

Leader régional de la transition énergétique

Or, selon les chiffres de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), cités par l’association Oxfam, la demande d’électricité en Afrique subsaharienne a augmenté d’environ 35 % entre 2000 et 2012, pour atteindre 352 térawatts-heure (TWh). Selon l’Agence, la demande totale d’électricité sur le continent devrait continuer d’augmenter au rythme moyen de 4 % par an jusqu’en 2040.

Audacieux, les objectifs de la Côte d’Ivoire supposent des efforts importants pour accroître la production d’électricité. Le pays compte ainsi passer d’une puissance installée de 2 000 mégawatts (MW) en 2011 à 4 000 MW en 2020, puis 6 000 MW en 2030. Pour cela, il a investi 7 000 milliards de F CFA (environ 10 milliards d’euros) dans le secteur.

La restructuration du mix énergétique s’avère également indispensable dans le cadre des engagements internationaux pris par le pays. Leader régional en matière de transition énergétique, la Côte d’Ivoire s’est engagée à réduire de près de 30 % ses émissions d’effet de serre d’ici à 2020. La part des énergies fossiles devrait être réduire à 66 % et celle des énergies renouvelables devrait atteindre 34 % (contre 1 % à la fin de 2016).

Cela explique l’intérêt du gouvernement par les smart grids. Ces derniers permettraient en effet « d’améliorer la gestion de l’énergie, de rendre le réseau bidirectionnel et d’offrir une meilleure qualité de service », selon La Tribune.

Affaire de tous

Alors que le nombre d’Africains n’ayant pas accès à l’électricité pourrait atteindre les 652 millions en 2030 (contre 558 millions en 2008), les réseaux intelligents pourraient contribuer à améliorer les conditions de vie de millions de personnes tout en transformant l’économie du continent.

Plus difficiles à pirater, « les smart grids permettent en effet de détecter immédiatement les problèmes et agir de manière ciblée, de diminuer la perte d’énergie dans les réseaux ou d’éviter les pertes non techniques liées à des problèmes de comptage ou de relève, entre autres. Le consommateur final bénéficie quant à lui d’une diminution des temps de coupure et d’une meilleure qualité de la fourniture d’électricité », résume La Tribune.

Ce n’est sans doute pas un hasard si le projet « Smart Grid », porté par six étudiants de l’École supérieure africaine des technologies de l’information et de la communication (ESATIC) a remporté cette année le Prix national d’excellence de la meilleure innovation numérique, initié par le ministère ivoirien de l’Économie numérique. C’est que, en Côte d’Ivoire, l’engagement pour la transition énergétique est l’affaire de tous.

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