Le programme SMART ENERGY AMBASSADOR a pour ambition de valoriser les prescripteurs qui participent à la réinvention de la filière Energie en bénéficiant de leurs expertises et visions sur les évolutions stratégiques nécessaires que se doivent de prendre aujourd’hui les acteurs du secteur. Huitième volet aujourd'hui, avec une interview de Joseph Sola, Directeur du Développement du secteur de l’Energie et des Utilities au sein d’IBM France.  

Joseph Sola est Directeur du Développement du secteur de l’Energie et des Utilities, IBM France. Il a pour mission de développer les ventes sur l’ensemble des business units d’IBM, hardware, software et services, et plus particulièrement sur les solutions métier à forte croissance comme la maintenance prédictive, l’IoT, le cognitif, les plateformes de service mais aussi les projets de mobilité et de transformation digitale. Il anime également l’écosystème énergétique d’IBM.

SMART ENERGIES 2016 Nous sommes aujourd’hui face à une réelle révolution du marché de l’énergie (transformation des business models, transition énergétique, digitalisation de la filière, fin de l’hégémonie des acteurs historiques) : Quel futur dessinez vous pour ce marché ?

JOSEPH SOLA Le secteur « historique » de l’énergie et des utilities, en Europe comme en France, connait actuellement une situation sous contrainte du fait de la crise économique, du ralentissement de la consommation en énergie et de la mise sous cocon, sous l’effet combinée de la priorité donnée aux énergies renouvelables et des bas couts du pétrole, d’une partie non né- gligeable du parc de centrales de production d’électricité fonctionnant au gaz. En même temps, des centrales nourries au charbon continuent de fonctionner malgré les exigences accrues sur la réduction de l’empreinte carbone. Il est clair que cette situation engendre un impact sur les marges, la dette ne cesse de s’allonger et l’investissement inexorablement de fondre. Toutefois l’émergence de nouveaux arrivants impose au secteur de mener de fa- çon concomitante une double transition tant énergétique que numérique afin de retrouver de nouveaux leviers de croissance et de mettre sur le marché de nouveaux services pour des utilisateurs toujours plus informés et connectés. La réinvention du secteur est d’ores et déjà enclenchée. Avec d’une part la montée en puissance et l’intégration des énergies renouvelables distribuées dans l’équation énergétique, de l’autre les nouvelles attentes des consommateurs, comme le développement de la mobilité électrique, et aussi les nouveaux entrants sur le marché, tous ces éléments poussent inexorablement à un renouvellement profond du secteur. De façon évidente, cette transition énergétique pour être probante fera appel à un bouquet de solutions « smart » et innovantes qui bénéficieront des plus récentes avancées technologiques telles que le big data, le cloud, l’internet des objets mais aussi du traitement et de la valorisation des données qui mettront à disposition des opérateurs des modèles prédictifs toujours plus précis et des systèmes d’information cognitifs et auto-apprenants : par exemple, la technologie Watson d’IBM que nous expérimentons dans le cadre des perturbations météorologiques pouvant affecter un réseau de distribution électrique et la gestion du retour à la normale, incluant la prévision des moyens d’intervention pour faire face aux avaries avec efficacité. Pour financer cette transformation digitale, les opérateurs du secteur devront identifier de nouvelles marges de manœuvre au travers de l’exécution de programmes d’excellence opérationnelle sur les systèmes existants, comme celui de la relation digitale avec le client. Mais l’une des plus importantes sources d’optimisation dans ce secteur très capitalistique est la réduction des couts de maintenance et l’allongement souhaité du cycle de vie des ouvrages par la mise en œuvre de la maintenance prédictive. En effet l’abondance des données disponibles permet d’adapter les procédures de maintenance en fonction de l’usage réel des infrastructures et aussi de prévenir l’imminence des pannes.

SE2016 Comment votre entreprise s’organise aujourd’hui pour faire face à ces nouveaux enjeux ?

JS IBM est présent depuis plus de 100 ans et nous nous transformons continuellement, en fonction de ce qui est important pour nos clients. C’est habituel pour nous, c’est notre mode de fonctionnement. Nous pensons que les acteurs de la filière énergie et utilities doivent impérativement apporter plus de valeur au consommateur final par l’apport de véritables services combinés et ainsi générer une croissance supérieure dans un contexte de fort ralentissement de la demande. Au sein du secteur, l’explosion de nouvelles sources de données, le nombre toujours croissant de capteurs, le déploiement des compteurs intelligents, les outils de conduite des installations, l’internet des objets et les réseaux sociaux constituent un formidable gisement de données pour créer de nouveaux services et optimiser les infrastructures. Toutes ces données, qu’elles soient structurées ou non, que cela soit du texte, des images ou des vidéos, proviennent des compteurs intelligents, des capteurs positionnés partout sur les réseaux, d’images, de vidéos, de comptes rendus d’intervention des techniciens sur le terrain, etc. L’enjeu pour nos clients, donc pour nous, c’est d’en tirer de la valeur. Les données sont devenues pour les opérateurs du secteur une nouvelle ressource naturelle. Il est essentiel de les maîtriser, les analyser, d’en déduire des tendances et des schémas récurrents ayant trait aux attentes des consommateurs mais aussi au fonctionnement de chaque élément d’un réseau, aux impacts d’un critère sur un autre, etc. On est passé du stade du « reporting » à une forme de prévision, comme c’est le cas pour la maintenance prédictive qui se nourrit de l’information des fiches d’intervention et des conditions d’usage. Le traitement efficient des données doit permettre de prendre les bonnes décisions au bon moment et d’enrichir une base d’expérience qui améliorera continuellement la pertinence des prévisions futures ce qui de fait nous propulse dans une ère cognitive qui insuffle une nouvelle dimension au traitement des données. Notre système Watson en est l’emblème. Initialement connu pour avoir défié les champions du jeu Jeopardy, à la TV américaine en 2011, ce système est capable d’ingérer des quantités colossales de données, beaucoup plus vite et beaucoup plus que nous ne pouvons le faire ; il «apprend» au fur et à mesure et corrèle les informations. Ce système est «entraîné» par des experts de chaque sujet, et devient au fil du temps de plus en plus pointu dans ses évaluations et recommandations, qu’il est capable de justifier. Il comprend et s’exprime en langage naturel. Il constitue ainsi un assistant précieux lorsqu’il faut prendre des décisions lourdes de consé- quences comme les traitements contre le cancer par exemple, ou encore ayant un impact fort en termes financiers, de planification ou d’image de marque. En plus de Watson, notre offre de solutions cognitive dans le secteur de l’énergie est articulée autour d’une plateforme ouverte de services IFE – Insight Foundation for Energy qui propose de façon modulaire des outils de traitement de données, la maintenance prédictive, des études de santé du réseau, la détection de fuites dans le cas de l’acheminement de l’eau ou du gaz, le traitement des données de consommation, la prévision de production de l’énergie produite par les fermes photovoltaïques ou éoliennes. Watson tout comme la plateforme de service IFE sont des éléments majeurs de notre offre, que nos clients ont commencé à mettre en œuvre avec nos experts. Notre Division Services est d’ailleurs organisée par secteur afin de mieux répondre aux enjeux de nos clients et tirer parti de milliers de missions qui sont menées de par le monde, y compris dans le secteur de l’énergie. Un autre aspect de la transformation de nos clients passe par la valorisation ou la monétisation de leurs données ; ou comment, en tirant parti de celles dont on dispose, voire en les combinant avec d’autres données, on peut innover et proposer de nouveaux services qui généreront des revenus additionnels. Pour faciliter cette approche nous avons créé l’ « Interactive Studio », au siège d’IBM France, qui permet à des équipes mixtes, Client et IBM, de travailler dans un lieu spécifique, favorisant l’émergence de nouvelles idées et de nouveaux « business models » pour mieux servir le client final. Il y a maintenant une quarantaine de Studios opérationnels de par le monde. Afin de pouvoir concrétiser notre approche digitale et réaliser les projets de nos clients, nous disposons d’une Digital Factory près de Lille, qui regroupe des dizaines de spécialistes du développement. Pour héberger les données qui doivent rester localisées en France à la demande de nos clients nous disposons d’un datacenter Softlayer ouvert en Région Parisienne depuis 2014, qui propose sur le cloud des services en mode Iaas, Paas et Saas. Et pour finir, nous fonctionnons en écosystème. En effet les entreprises ont besoin de collaborer et d’échanger avec des partenaires pour générer plus de valeur, plus vite. C’est pourquoi Bluemix a été conçue par IBM. C’est une plateforme cloud, open standard, qui permet facilement de créer ou intégrer, déployer et gérer des applications et services, mis à disposition en mode Saas par IBM. Tirer bénéfice d’une technologie, c’est bien, mais les combiner, c’est amplifier considérablement la valeur du résultat. De plus l’écosystème d’IBM permet de pouvoir bénéficier pour ses propres services et applications des partenariats établis par IBM comme c’est le cas avec des grands acteurs tels que Apple pour son expérience utilisateur et son design, Twitter et Facebook pour l’accès aux données de leurs réseaux sociaux. Dans le secteur de l’énergie nous savons tous le rôle prépondérant que joue le climat dans les prévisions de consommation d’énergie ou la prévision d’impacts de foudre sur les installations, c’est pourquoi notre partenariat avec The Weather Company autorise l’accès aux données météorologiques mondiales, les mêmes qui alimentent la 4eme « apps » la plus utilisées aux USA. Dans un environnement plus familier, dans le cadre de nos accords avec Whirlpool, les équipements domestiques interagissent avec Watson et propose des cas d’usages innovants.

SE2016 L’usage est plus que jamais au centre des innovations produits des utilities aujourd’hui, quelles sont les technologies qui révolutionneront selon vous ce marché en pleine ébullition ?

JS Le secteur de l’énergie jouit au sein d’IBM d’une place de choix dans nos laboratoires de recherche et dans nos centres R&D de solutions. IBM a d’ailleurs été ré- compensé en 1987 par un prix Nobel de Physique obtenu sur la supraconductivité, qui permet de transporter beaucoup plus d’électricité dans des câbles beaucoup plus petits, facilitant par exemple l’allongement ou l’enterrement des lignes à haute tension et les connexions avec des centrales éoliennes ou solaires très éloignées. Le secteur du stockage d’énergie n’est pas non plus en reste, tout le monde comprend quel peut être l’intérêt d’une batterie pour véhicule électrique qui permettrait de parcourir 500 miles (900km env.) sans devoir recharger ; c’est exactement le projet actuellement conduit par IBM dans le centre d’Almaden aux Etats-Unis, avec son projet de batterie Lithium-Air. Plus proche de nos attentes en matière de traitements des données, le développement des plateformes IoT et des solutions cognitives occupent une place importante dans notre stratégie d’innovation. Le Cognitif est la tendance marquante, et sur le plan de la relation entre un fournisseur d’énergie et son client il est aisé d’imaginer comment une solution cognitive peut aider l’opérateur d’un centre d’appel à faire la meilleure proposition tarifaire à son client en fonction de toute la connaissance sur les modes de consommation, accumulée durant la gestion du contrat. Lorsque que l’on est en mode 100% digital, un moteur prédictif réévalue en temps réel les informations pertinentes qui sont présentées au client durant son parcours, cette solution s’appelle Predictive Customer Intelligence. L’Internet des Objets participe évidemment de cette tendance, car il génère une partie des données exploitées par les solutions cognitives. Nos clients peuvent tirer parti de milliards de données qui sont produites partout, et dont la connaissance et le traitement approprié leur permet d’imaginer de nouveaux services pour leurs clients et pour leur propre usage. Comme déjà évoqué, en utilisant les données météorologiques, on peut affiner des prévisions de production et de consommation d’énergie, optimiser un planning de maintenance et un processus d’approvisionnement de pièces détachées, personnaliser l’offre au client final… Cela permet d’aller plus loin, plus vite et de façon plus appropriée. Une plate-forme ouverte de services comme notre solution IFE – Insight Foundation for Energy, en faisant coexister des données issues de multiples départements, de différentes sources, mais aussi des données d’usage et de consommation, permet une approche évolutive de l’analyse des données au niveau de l’entreprise. Un financier peut par exemple évaluer les impacts financiers des scenarii de remplacement des assets en fin de vie, ou une équipe de techniciens peut optimiser les plans de maintenance grâce aux données d’usages et aux données exogènes comme la météo. Le Cloud Hybride est la technologie idéale pour faire cohabiter les systèmes qui interagissent avec les clients et qui traitent les données, avec le système historique de l’entreprise. Le cloud hybride permet de poursuivre les gains de productivité nécessaires et de développer et déployer rapidement des applications en mode agile. Et c’est particulièrement approprié pour tout ce qui est mobile, pour la collaboration, les messageries, tous les systèmes à pics de charge. Et pour finir, il faut évoquer de nouveau l’écosystème, même si ce n’est pas une technologie. Mais c’est un fait, on est plus créatif, on produit plus vite et mieux quand on met en commun des expertises… C’est le mode de fonctionnement prépondérant qui est en train de voir le jour, et que nous promouvons avec Bluemix et nos partenariats.

SE2016 Que pensez-vous de l’initiative de Smart Energies 2016 de réunir en un même lieu les 5 pavillons thématiques (Smart grids, infrastructures / Stockage et mobilité électrique / Efficacité et services énergé- tiques / Home Energy Management / Big Data et IoT Utilities). Au regard de l’évolution du marché de l’énergie ?

JS – C’est évidemment une bonne chose de réunir en un seul endroit tous les acteurs de la filière : c’est l’écosystème ! Chaque pavillon permet de focaliser sur un sujet, tout en gardant à l’esprit le contexte gé- néral. Comme au sein d’une entreprise, le fonctionnement en silo laisse place à plus de transversalité pour au final, créer plus de valeur, ce qui me suggère pour vos prochaines éditions d’introduire les territoires qui par les compétences accrues au sein des métropoles constituent le liant de vos 5 thèmes et mettrait à profit des solutions pour la Smart City que les acteurs sont en mesure de proposer. Le secteur est en mutation, Smart Energies aussi !

 

SMART ENERGIES 2016 est le nouveau rendez-vous incontournable dédié aux technologies et aux solutions intelligentes de l’énergie qui vous offre l’opportunité de découvrir les solutions qui dessineront le paysage énergétique de demain.

Si vous souhaitez également prendre part à l’aventure SMART ENERGIES 2016,

Votre participation au salon 2016 se réserve dès à présent !

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Jonathan CADORET

Directeur du Développement Corp Agency

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