La conversion des réseaux électriques aux solutions intelligentes est plus que jamais en marche : une étude vient de montrer que les investissements dans les smart grids atteindront cette année la somme record de 1,5 milliard d’euros en France, un chiffre qui devrait se stabiliser jusqu’en 2022. Partout dans le monde, les projets fourmillent.

En guise d’avant-goût de l’édition 2018 du salon Smart Grids-Smart City, qui se tiendra à Paris Porte de Versailles les 5 et 6 novembre, une étude du cabinet Xerfi révèle les évolutions des investissements dans les smart grids en France, pour la période 2018-2022.

Des investissements smart grids en forte hausse en France, qui vont se stabiliser

Le marché des réseaux intelligents d’eau, de gaz et d’électricité est ainsi en forte hausse depuis quatre ans en France, passant de 300 millions d’euros annuel en 2014 à 800 millions en 2016, 1,2 milliards en 2017, et devrait atteindre les 1,5 milliards d’euros à la fin de cette année.

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Le cabinet estime que ces investissements ont atteint leur point de maturité et devraient rester stables dans les années à venir – la somme de 1,4 milliards d’euros est avancée pour 2022. Une stabilité qu’il faut lire comme une croissance, sachant que la phase d’installation des compteurs intelligents, nécessitant de lourds investissements au niveau national, sera alors achevé.

Compteurs communicants et Réseaux Electriques Intelligents

La commercialisation des solutions d’automatisation de gestion de réseau démarre, l’industrialisation de ces technologies vient d’être lancée, du coté des réseaux électriques avec les projets de REI (Réseau Electrique Intelligent), et Enedis et RTE ont un plan d’investissement ambitieux pour les années à venir.

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L’association Think Smart Grids estime que la France dispose actuellement d’une centaine de démonstrateurs déployant des solutions smart grids à l’échelle industrielle ; la filière génère 15 000 emplois direct.

Partout dans le monde, une conscience de « la nécessité de passer aux réseaux intelligents »

Mais si la France a lancé une politique d’investissement ambitieuse, elle n’est pas isolée au niveau mondial, loin s’en faut : le rapport Smart Grids Infrastructure Market 2018-2030 de février 2018 note que « plusieurs régions du monde ont reconnu la nécessité de passer aux réseaux intelligents et ont pris des initiatives pour encourager cette transition ».

Les Etats-Unis se sont ainsi lancé depuis une dizaine d’années dans la modernisation de leur réseau électrique, profitant des investissements programmés par l’American Recovery Reinvestment Act de 2009 : 4,5 milliards de dollars public avaient ainsi été alloués à cette tâche. Depuis, les investissements n’ont cessé d’augmenter, et de nouvelles initiatives, publiques ou privées, ont permis d’entamer l’industrialisation de solutions smart grids, comme par exemple dans l’Illinois.

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L’Asie comme locomotive des investissements smart grids, la Chine en tête

Mais le pôle de croissance la plus forte, côté smart grids, est à chercher du coté de l’Asie : « les objectifs ambitieux en matière d’énergies renouvelables de pays comme la Chine et l’Inde devraient stimuler le marché des réseaux intelligents à l’avenir » note le rapport Smart Grids Infrastructure Market 2018-2030.

La Chine profite d’un large plan d’investissement de 96 milliards de dollars sur la période 2010-2020 pour moderniser son réseau électrique via de nombreuses solutions intelligentes, permettant une utilisation plus rationnelles des énergies renouvelables, afin d’éviter le gaspillage d’électricité – une spécialité chinoise jusqu’ici.

L’Inde, de son coté, se couvre de démonstrateurs et de projets pilote : le pays part, comme pour les énergies renouvelables, avec un temps de retard sur d’autres géants mondiaux, mais la volonté politique et la capacité d’investissement de l’Inde sont telles qu’il ne serait pas surprenant de voir Bombay parmi les capitales des smart grids à l’horizon 2025 ou 2030.

L’Europe à l’heure des compteurs intelligents

Au Japon, les principaux fournisseurs japonais ont décidé de généraliser les compteurs communicants d’ici 2024 : cette décision « pourrait mener à l’installation de plus de 78 millions de compteurs communicants chez les clients résidentiels et les clients à faible consommation » expose une étude de Market Insights Reports. La Corée du Sud a, elle, lancé son plan « compteurs intelligents » dès 2015, avec des investissements de 155 millions de dollars d’ici la fin de cette année.

En Europe, on dénombre actuellement 950 projets de réseau intelligent sur l’ensemble du continent. L’Italie, la Suède et la Finlande ont équipé l’ensemble de leur territoire de compteurs intelligents, le Luxembourg, l’Irlande et l’Autriche devrait achever leur déploiement d’ici la fin de l’année, la France devrait suivre.

Parmi les autres pays ayant investi massivement dans les smart grids, citons également le Brésil, engagé dans une vaste entreprise de déploiement des énergies renouvelables intermittentes, et l’Australie, déterminée à valoriser son potentiel solaire pour stabiliser son réseau électrique.

Entre 75 et 100 milliards de dollars mondiaux en 2020

Ce mouvement mondial se traduit en chiffres : le marché mondial des smart grids devrait atteindre entre 75 et 100 milliards de dollars en 2020, avec un taux de croissance de l’ordre de 15%. Et si les pays investissent aussi massivement, c’est bien entendu pour soutenir une politique énergétique faisant la part belle aux énergies renouvelables, mais aussi pour éviter les gaspillages et la fraude.

Cela explique que les investissements dans les smart grids, notamment publics, sont considérés parmi les plus rentables aujourd’hui : une étude de l’Agence internationale de l’Energie (AIE), début 2018, estime qu’un déploiement à très grande échelle des smart grids offrirait des économies de l’ordre de 80 milliards de dollars annuels sur la période 2016-2040, soit 5% des coûts annuels de production d’électricité. Ce déploiement permettrait de dégager 185 GW de flexibilité énergétique, correspondant à 270 milliards d’investissement dans de nouvelles sources d’électricité évités !

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Les investissements mondiaux, s’ils sont conséquents et en hausse, demeurent cependant inférieurs à ce scénario vertueux. De quoi espérer que l’effort mondial se poursuive pour une modernisation numérique des réseaux électriques, qui répond à une triple nécessité : climatique, économique et énergétique.

 

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