La Guadeloupe est lancée dans un déploiement à grande échelle des énergies renouvelables pour atteindre l’autonomie énergétique en 2050. Après avoir étudié le mix énergétique de l’île, et l’importance de l’hydraulique et, surtout, de la géothermie, gros plan sur la biomasse, le biogaz et le photovoltaïque.

Nous avons vu, dans la première partie de notre étude, que a Guadeloupe, en tant que zone insulaire, est encore largement dépendante des importations et des combustibles fossiles. Résolument lancé dans une transition énergétique, le département vise l’autonomie énergétique en 2050, essentiellement grâce à une production locale et renouvelable.

Nous avons pointé l’importance de l’hydro-électricité et, surtout de la géothermie dans ces objectifs. Mais l’île peut s’appuyer sur d’autres ressources.

Une seule usine de biomasse et biogaz valorise la bagasse

Certaines sont liées à sa production agricole, notamment de canne à sucre, et à sa production de déchets. Les filières biomasse et biogaz disposent d’un potentiel conséquent en Guadeloupe, mais ne sont, pour l’heure, valorisées que dans un seul site, certes d’importance : il s’agit de la distillerie Bologne, l’un des principaux producteurs de rhum de l’île, pionnière en matière d’industrie à développement durable.

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En effet, la distillerie récupère une grande partie des déchets générés par son activité, et les transforme en énergie. Les résidus de canne à sucre, ce que l’on appelle la bagasse, sont brûlés pour produire de l’électricité, tandis que les vinasses sont méthanisées pour produire du biogaz. La centrale à biomasse et biogaz sert avant tout à alimenter en énergie la distillerie elle-même, seul le surplus est livré au réseau local.

En 2016, la production de la filière biomasse-biogaz pour le réseau de l’île s’établissait à 49 804 MWh, soit 2,78% de la production totale d’électricité.

Un potentiel de 65 MW pour la biomasse

Mais pour l’une et l’autre des filières, le potentiel est immensément plus fort. La bagasse est évidemment l’un des pivots d’un développement à grande échelle de la biomasse, mais le département est déterminé à valoriser cette énergie au-delà de la canne à sucre (biomasse forestière, biomasse agricole, biodéchets et bois déchet).

Un plan de développement a été mis en place suite à une concertation avec un ensemble de porteurs projets ; le potentiel estimé à l’horizon 2023 est de 65 MW supplémentaires. Les deux-tiers de ce potentiel seront réalisés dans la conversion progressive de la centrale thermique du Moule, du charbon vers la biomasse. L’objectif est d’atteindre 43 MW de puissance biomasse pour cette centrale en 2023.

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Tout reste à faire en terme de valorisation de l’offre locale et de mise en place de nouvelles filières de production, mais la volonté politique semble claire et forte.

Un vaste plan biogaz pour la Guadeloupe

La valorisation des déchets sous forme de biogaz a été également posé en priorité par les autorités : elle permet en effet de répondre conjointement aux besoins énergétiques de l’île et, en partie, à la question du stockage des déchets. Un vaste plan biogaz a été lancé par la Guadeloupe.

Début décembre 2017, sur le site de la Gabarre, la première centrale de production électrique par fermentation des déchets ménagers putrescibles de Guadeloupe a été inaugurée. Son potentiel est estimé à plus de 18 000 MWh annuel, soit entre 1 et 1,5 de la consommation électrique guadeloupéenne : « Cette unité incarne le décollage d’une filière qui s’inscrit de plain-pied dans la volonté du territoire d’aller vers l’autonomie énergétique, à travers une ressource 100 % locale et 100 % renouvelable. » a déclaré Éric Le Tinier, chef de service système électrique à EDF.

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Une second usine est un effet en cours d’achèvement sur le site de l’Espérance, à Sainte-Rose, plusieurs autres sont en projet ou en construction. En effet, le biogaz présente, comme la biomasse ou la géothermie, l’avantage d’être stable et prévisible, ce qui en fait un atout de poids dans un mix énergétique où les énergies intermittentes prennent une part de plus en plus importantes. Atteindre les 5% du mix électrique en 2023 semble un objectif réaliste pour cette filière naissante.

Le photovoltaïque, un potentiel énorme mais des contraintes fortes

Avec 1 4000 heures d’ensoleillement annuel, le photovoltaïque présente quant à lui un potentiel plus que conséquent en Guadeloupe. Il a été largement valorisé entre 2006 et 2012, pour atteindre une puissance installée de 67 MW. Elle se classe en 2016 première énergie renouvelable de l’île, avec 93 794 MWh, soit 5,3% de la production d’électricité.

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Pour autant, l’intermittence de cette énergie pose de graves problèmes à un aussi petit réseau que celui de la Guadeloupe, ce qui a conduit les autorités à limiter les installations ces dernières années, si bien que la puissance disponible n’a presque pas évoluée depuis 2012.

Cela étant, le développement des techniques de stockage et des solutions smart grids donnent de nouvelles perspectives pour la filière, qui devrait redécoller fortement dans les années à venir.

L’appel d’offre de la Commission de Régulation de l’Energie (CRE) de décembre 2016 a validé 17,3 MW d’installations photovoltaïques supplémentaires en Guadeloupe, essentiellement sur bâtiments et ombrières de parking, systématiquement associées à des solutions de stockage.

Stockage et smart grids relancent la filière photovoltaïque

Les objectifs de la PPE à l’horizon 2023 sont en conséquence ambitieux : elle vise 15 MW supplémentaires de photovoltaïque sans solution de stockage, dans des logiques d’autoconsommation en journée, essentiellement pour le secteur tertiaire ; la puissance photovoltaïque supplémentaire avec stockage s’établirait à 52 MW, dont 37 MW pour des projets de grande taille, issus des appels d’offre de la CRE pour les ZNI et 15 MW pour des projets de petites tailles destinés à des particuliers.

En parallèle, la Guadeloupe entend déployer des solutions smart grid pour optimiser l’utilisation de l’électricité d’origine photovoltaïque sur son territoire, en la couplant au développement de la mobilité électrique et du bâtiment durable, dans des logiques visant à favoriser l’autoconsommation.

Au total, si ces objectifs sont atteints, la puissance installée aura plus que doublé en 2023, pour atteindre les 130 MW, et une part dépassant les 10% dans le mix électrique de l’île.

Rendez-vous demain pour finir notre étude avec le développement de l’éolien, au dynamisme technologique particulièrement fort en Guadeloupe.

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