Si, quand on évoque le développement de la smart city, les premières images qui viennent sont celles de centres urbains aux immeubles touchant le ciel, les villes dites « moyennes » peuvent également tirer leur épingle du jeu. En France notamment, de nombreuses communes se sont lancées dans une numérisation de leurs services. Découverte.

Yokohama, Amsterdam, Dubaï, ou, en France, Lyon : quand on parle de smart city, les exemples les plus marquants sont souvent des métropoles de taille internationale, engagée dans une profonde révolution numérique de leurs pratiques.

Des réseaux de capteurs permettent de prendre le pouls de la cité, en temps réel, et notamment de la gestion des services publics – éclairage public, circulation, collecte de déchets, places de parking… -, tout en anticipant les révolutions énergétiques en cours (énergies renouvelables locales, véhicules électriques, stockage de l’électricité…), et en proposant des accès numériques aux services municipaux.

Un quart de la population française vit dans ces villes moyennes…

En France, cette bascule vers des solutions intelligentes existe également à une échelle plus réduite mais cruciale dans le maillage du territoire : celui de la ville moyenne. Définie dans les années 1970-1980, le concept de « ville moyenne » recouvre les communes comprises entre 20 000 et 100 000 habitants en France.

Ces communes et leurs Établissement public de coopération intercommunale (EPCI) représentent 26% de la population française, soit 16,35 millions d’habitants. Elles sont regroupées au sein d’une association, Ville de France, qui a pour but de défendre et valoriser ces bassins de vie, fondamentaux dans le maillage du territoire français, car pris entre les métropoles et les territoires ruraux, avec lesquels ils dialoguent.

tournées vers la collaboratif et la participation des citoyens

Cette fédération vient de présenter un guide destinée à faire le point sur l’importance, pour ce villes moyennes, de devenir intelligentes, et sur les outils indispensables pour mener une stratégie smart city adaptée à leurs besoins. Ces villes ont en effet un rôle central à jouer dans le déploiement des solutions numériques ; elles doivent faire de leur taille relativement modeste un atout, permettant un déploiement rapide sur l’ensemble du territoire urbain et une proximité facilitée avec les citoyens.

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« Si elles utilisent moins d’outils technologiques, les villes moyennes se tournent davantage vers le collaboratif et la participation des citoyens. En outre, leur taille leur permet d’expérimenter les projets directement à l’échelle de la ville » expose ainsi Céline Juteau, conseillère numérique de Villes de France.

Les spécificités des villes moyennes tiennent aussi à leurs équipes plus réduites que dans les grandes métropoles : même engagées résolument dans une démarche « smart city », elles ne disposent pour la plupart pas de service dédié à la numérisation de la vie urbaine, et comptent sur un déploiement progressif des solutions intelligentes.

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Développement de la relation avec l’usager et e-services

L’aspect le plus immédiat, qui est souvent premier dans le déploiement de logiques intelligentes, est le développement de la relation avec le citoyen. Ainsi plus de la moitié des villes moyennes de France sont déjà opérationnelles en terme d’e-administration, et la quasi-totalité des autres ont un projet en cours d’expérimentation.

Les plateformes de e-services administratifs implémentées sur le site de la commune deviennent la norme, de plus en plus souvent associées à des plateformes collaboratives ou des applications mobiles, que près de 3 communes sur 5 envisagent d’installer.

Digitaliser le territoire

La volonté de muscler le développement économique du territoire par la mise à disposition d’outils numériques est également au cœur des préoccupations des villes moyennes. Les municipalités soutiennent ainsi la généralisation de la fibre optique sur le territoire, notamment dans les zones d’activités, mais aussi la digitalisation des entreprises traditionnelle ou l’essor des start-up locales.

Les espaces de coworking destinés aux particuliers et aux entreprises se multiplient, de même que les ateliers de fabrications numériques à destination des usagers (Fab Labs), puisque 60% des villes moyennes disposent de ces deux espaces.

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Convertir les réseaux aux solutions intelligentes

La gestion intelligente des réseaux urbains (eau, gaz, électricité…) est un autre moteur de croissance des villes moyennes que permettent les technologies numériques. La pose de capteurs permet en effet d’optimiser les consommations publiques (notamment pour l’éclairage urbain), de détecter les pannes ou les fuites sur les réseaux de fluides (eau, assainissement, gaz…), voire de les prévoir, ou d’allonger la durée de vie des composants utilisés : l’ensemble de ces solutions, déployées dans leurs composantes les plus simples, permet de réduire les charges d’exploitation et de maintenance de l’ordre de 20 à 30%.

Près de la moitié des villes moyennes ont déjà opté pour des systèmes de télé-relevés pour ces réseaux, souvent mis en place par des délégations privés : cela permet aux villes d’effacer les coûteuses campagnes de relevés et d’ajuster la facturation sur les consommations réelles. La généralisation des compteurs intelligents à l’échelle du territoire, électricité, puis gaz et eau, devrait encore renforcer ce poste d’économie.

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L’éclairage public intelligent est également plébiscité par deux villes moyennes sur cinq : sa rentabilité et son retour sur investissement garanti le rendent particulièrement attractif. Il fait partie des secteurs privilégiés en terme d’investissement par ces communes, avec la gestion intelligente des déchets, celle de la mobilité et du développement durable.

La question des données personnelles

Une des spécificités des villes moyennes est que, si elles s’appuient sur des financements européens, de l’Etat ou des régions pour déployer leur solution smart city, elles le font toujours en étroite collaboration avec le tissu économique local et les usagers. Le citoyen et le traitement des données sont ainsi au centre de ces stratégies.

Cela nécessite un renouvellement des métiers dans les services publics, et une formation des agents pour qu’ils maîtrisent la logique, les potentialités et les contraintes des solutions intelligentes : « En effet, il convient de travailler avec l’ensemble des agents pour les acculturer aux possibilités offertes par la smart city. Et tous ceux qui manipulent des données personnelles des citoyens doivent être conscients de la nécessité de les protéger », explique Céline Juteau.

Les villes moyennes dirigées par des municipalités ouvertes au numérique déploient des solutions originales qui leur apportent des gains tangibles, opérationnels, financiers ou pour le bien-être de leurs citoyens. Nous découvrirons demain, dans la seconde partie de notre étude, quelques unes de ces initiatives.

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