Alors que Nicolas Hulot a récemment répété sa « foi absolue dans les énergies renouvelables », et qu’une association défend sérieusement l’idée d’une France 100% renouvelable en terme d’énergie dès 2050, un sondage révèle que la confiance des Français dans ce type d’énergie n’a jamais été aussi haute. Tout semble réuni pour que la nécessaire révolution ait lieu.

Fermons les yeux. Imaginons. Dans 33 ans, la France a réussi à se passer totalement des énergies fossiles. 100% de l’énergie est issue de sources renouvelables et le bilan carbone du pays est neutre. La qualité de l’air, de l’eau et des sols s’est considérablement améliorée, la biodiversité a augmentée et, par conséquent, la santé publique également – les maladies liées directement à la pollution des combustibles et carburants sont en voie de disparition.

Cerise sur le gâteau : le développement massif des énergies renouvelables a créé de nombreux emplois, rendant le pays plus dynamique ; l’effort collectif pour basculer vers du 100% renouvelable a renforcé la solidarité et la responsabilité des citoyens, rendant le pays plus agréable à vivre.

Un rêve qui doit devenir un objectif ?

Rouvrons les yeux. Ce que nous venons d’imaginer est un rêve. Très beau, mais un rêve, éventuellement un objectif, que la France va essayer d’atteindre. En 2050, on peut espérer que le pays s’en sera rapproché le plus possible. Mais pas qu’il l’aura atteint.

Et pourtant. Ce scénario est réaliste. Il vient d’être publié par une association de spécialistes de l’énergie, Negawatt. L’association veut faire pression pour que le gouvernement accélère la mise en place des mesures prévues par la Loi de Transition Energétique, et propose un plan de réduction drastique de la consommation d’énergie. L’objectif 2050 doit, pour eux, être un aiguillon pour une mise en action rapide et responsable.

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« Sobriété dans la consommation, efficacité de la production, ressources renouvelables »

Pour Negawatt, une telle révolution repose sur trois piliers, applicables à tous les domaines de la société (énergie, agriculture, industrie…) : « sobriété dans la consommation, efficacité des modes de production, utilisation et production de ressources renouvelables ».

La loi sur la Transition Energétique prévoir d’atteindre les 32% d’énergies renouvelables en 2030 ; le ministre de la Transition Energétique Nicolas Hulot a d’ailleurs récemment déclaré sa « foi absolue dans les énergies renouvelables », et les chantiers et projets sont à la fois nombreux et variés, pour mettre en valeur l’ensemble du potentiel français en la matière. En terme de solaire et d’éolien, les feuilles de route sont précises, ambitieuses et réalistes.

Mais Negawatt estime qu’en terme de biomasse, le pays peut faire beaucoup plus : l’association estime que la biomasse doit devenir la pierre angulaire de la révolution renouvelable, associée à une agriculture et une sylviculture responsables et durables. L’association estime également que l’énergie des mers est sous-exploitée, alors que son potentiel est considérable – et qu’il faudra, en terme de recherche et développement, mettre un accent très fort sur cette filière.

Réduire de 66% la consommation d’énergie d’ici 2050 ?

Cela étant, la clé, pour atteindre le 100% renouvelable d’ici une vie de Christ, est bien de diminuer la consommation d’énergie. Le plus surprenant est que le scénario Negawatt n’est pas un scénario décroissant : il ne propose pas de réduire l’activité, mais uniquement la consommation d’énergie. L’association souligne que la consommation d’énergie tend à baisser en France, avec un PIB en légère croissance, et que ce phénomène « est bien structurel et non conjoncturel » – mais que des efforts peuvent être fait pour accélérer ce mouvement.

Le scénario évoque une baisse de 66% de la consommation d’électricité d’ici 2050 par rapport au scénario « tendanciel » – c’est à dire en faisant des projections d’ici 2050 en fonction des tendances de ces dernières années.

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La chasse au gaspillage

Evidemment l’isolation thermique des bâtiments demeure le premier cheval de bataille, mais l’association met également en avant la fin du gaspillage : « Des exemples de gaspillage énergétique on en a tout autour de nous. Est-ce qu’on a besoin d’avoir des écrans publicitaires allumés dans le métro qui consomment chacun autant que deux familles ? Est-ce qu’on a besoin de laisser tous ces équipements électriques allumés la nuit dans les bureaux, alors qu’il n’y a personne dedans ? On pense plutôt que non. En supprimant ces gaspillage en utilisant des appareils plus efficaces, on peut réduire ces consommations d’énergie », souligne Stéphane Chatelin, directeur de Negawatt.

La réduction des gaspillages énergétiques passe aussi, clairement, par un réseau électrique plus intelligent, capable d’agir en temps réel pour éviter qu’une énergie produite ne soit perdue et vienne surcharger ou saturer le réseau. Faire mieux coïncider l’offre et la demande d’énergie en fonction du temps, et développer des solutions de stockage : des défis primordiaux pour moins consommer tout en produisant autant, et que réalisera un réseau électrique intelligent.

Une société plus écologique

Une société plus écologique sera aussi moins gourmande en énergie, et, en la matière, la révolution doit se faire à toutes les échelles de la société. Quelques exemples, en vrac : les particuliers doivent adopter des pratiques plus responsables, comme ne pas laisser d’appareil électrique en veille ou privilégier le vélo sur la voiture ; les collectivités doivent développer largement les transport en commun et favoriser, par des lois, les matériaux durables plutôt que les plastiques ; les industriels doivent réduire les emballages et la production d’objets jetables.

Un effort de l’ensemble de la société est donc nécessaire, mais cet effort aura, également, des effets positifs sur le lien social et la conscience d’appartenir à un même pays. Réaliser cet objectif aura des répercutions sensibles sur la société – d’autant que le scénario prévoit un gain d’environ 400 000 emplois.

66% des Français prêts à payer plus cher une énergie renouvelable

Ce scénario est publié, il n’y a pas de hasard, à peu près en même temps qu’un sondage indiquant que les Français, eux aussi, ont de plus en plus foi dans les énergies renouvelables. 89% d’entre eux estiment par exemple que la production locale d’énergies renouvelables est souhaitable et plus de la moitié (58%) serait prêt à placer de l’argent dans un projet d’énergies renouvelables régional ayant un bon rendement.

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Surtout, ils sont 66% prêts à payer un surcoût pour passer à du renouvelable, un surcoût estimé à 11,6% en moyenne. Ce chiffre prouve que la prise de conscience gagne du terrain à toute allure, puisqu’elle commence à toucher le portefeuille ! Une politique de grands travaux en la matière serait très bien acceptée par la population.

Détail intéressant : quand on demande aux Français quelles énergies renouvelables ils voudraient voir se développer avant tout, le solaire et les énergies de la mer son plébiscitées, avec 34% et 25%, au détriment d’énergies méconnues (géothermie, biomasse), dont on estime qu’elles sont arrivées à maturité (hydraulique) ou qui ont pu faire polémique, comme les éoliennes, qui restent décriées par une partie de la population et des écologistes.

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Entrez dans le rêve…

Que le solaire soit populaire n’a rien d’étonnant, son efficacité a été prouvée ces dernières années et il ne présente aucun défaut majeur. Le gros score des énergies de la mer est plus surprenant, il montre une conscience élevée du potentiel de ces sources d’énergie dans la population – là encore une bonne nouvelle si le gouvernement veut appuyer sur l’accélérateur pour cette filière.

En tout état de cause, les planètes semblent s’aligner pour que le rêve de Negawatt se réalise. Allez, une dernière fois : fermez les yeux…

1 COMMENTAIRE

  1. Bonjour,
    Complétement d’accord avec cet article, c’est un très bel objectif.
    Je ne peux m’empêcher de croire que cette transition aurait plus simple avec des politiques soucieux(ses) de ces questions.
    C’est donc à la société civile de prendre en charge la transition énergétique.
    Allez, viennent les jours heureux !

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