La Finlande fait figure d’élève modèle de la transition énergétique, notamment sur le plan de l’électricité : 34% d’énergies renouvelables dans la consommation finale, 16% de combustibles fossiles dans le mix électrique, un déploiement achevé des compteurs intelligents et une technologie smart grid parmi les plus avancées au monde. Découverte.

Des arbres pour plus de renouvelables : si la Finlande présentait en 2016 une part d’énergies renouvelables (EnR) dans sa consommation brute d’énergie finale parmi les plus élevées du monde, à 34%, elle le doit à une valorisation ancienne des ressources que lui a offert la nature, notamment le bois.

Une part d’EnR record grâce à la forêt et des émission de CO2 en baisse

Les ressources forestières de la Finlande sont au cœur de la politique énergétique du pays : la forêt couvre 70% du territoire, elle est largement exploitée, à 80% du renouvellement annuel. La biomasse (chaleur, électricité, et combiné chaleur-électricité) couvre ainsi 26% de la consommation totale d’énergie du pays.

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Les énergies fossiles représentent 38% de l’énergie consommée, et sont importées, principalement des voisins russes (55% en 2016) et suédois (24%). 18% de l’énergie provient du nucléaire, qui reste un composant important du mix énergétique et électrique de la Finlande : les quatre réacteurs en fonctionnement couvre 33,7% de la production d’électricité finlandaise.

Les renouvelables (hydroélectricité, biomasse, éolien, déchets) représentent 46% de la production d’électricité, les combustibles fossiles 16% (notamment des centrales au charbon autour d’Helsinki). Il est à noter que 20% de la consommation d’électricité est importée directement depuis la Suède.

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Entre 1975 et 2005, la consommation d’énergie de la Finlande a augmenté régulièrement, avant de se stabiliser et de baisser depuis le tournant des années 2010. La part des combustibles fossiles a décru régulièrement, au profit des ressources forestières. Conséquemment, les émissions de gaz à effet de serre, qui atteignaient (voire dépassaient) les 80 millions de tonnes équivalent CO2 entre 2000 et 2005, sont descendues sous la barre des 60 millions de teqCO2 depuis trois ans.

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50% d’énergies renouvelables en 2020, et la neutralité carbone comme objectif final

Mais la Finlande n’entend pas s’endormir sur ses lauriers, et le pays veut encore améliorer ses performances. La Finlande s’est ainsi fixé comme objectif de réduite ses émissions de gaz à effet de serre d’au moins 80% en 2050, et d’atteindre la neutralité carbone à terme.

La 5ème « stratégie climatique énergétique nationale », qui date de 2016, pose d’autres objectifs forts, comme l’abandon du charbon dans la production d’électricité en 2030 ou réduire en 2020 la consommation de pétrole de 50% par rapport à 2005.

Le texte propose également une réforme du système de subvention aux énergies renouvelables, pour relancer fortement leurs installations. Le but est d’atteindre au moins 50% d’EnR dans la consommation finale en 2020, avec un degré d’autonomie énergétique d’au moins 55%.

Muscler encore la biomasse, développer l’éolien, le solaire et les biocarburants

La production d’électricité par biomasse doit ainsi passer de 12TWh en 2016 à 25 TWh (copeaux de bois) et 2 TWh (granulés de bois) en 2020, pour remplacer les combustibles fossiles et la tourbe. De même, la production d’électricité éolienne doit doubler entre 2016 et 2020, pour passer de 3,1 TWh à 6 TWh. Le texte prévoit également l’installation de 600 MW de panneaux solaires photovoltaïques, une énergie quasi absente de Finlande actuellement.

La Finlande entend également réformer considérablement le secteur des transports, en s’appuyant notamment sur les biocarburants. L’objectif est, à l’horizon 2030, de porter la part de biocarburants dans la consommation d’énergie des transports à 40% (l’objectif européen en la matière est de 10%) et d’atteindre au moins 250 000 véhicules électriques et 50 000 véhicules au gaz. Au total, le pays veut réduire de 50% les émissions de gaz à effet de serre des transports en 2030 par rapport à 2005.

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L’électricité au cœur de la transition énergétique finlandaise : une expertise ancienne

Comme pour tous les pays du monde, l’électricité va jouer un rôle clé dans cette transition énergétique ambitieuse et volontariste. Le pays s’est ainsi lancé dans une modernisation de son réseau électrique, à la fois pour améliorer son efficacité énergétique et se préparer à intégrer une part croissante d’énergies renouvelable intermittentes.

La Finlande a toujours été à la pointe des technologies énergétiques, et le pays a fort logiquement pris très tôt le virage des compteurs communicants et des smart grids, dans un élan commun des autorités, des opérateurs de réseau électrique et des fournisseurs de compteurs et d’appareils. Le pays peut s’appuyer sur l’expertise de plusieurs grands groupes industriels, notamment Vacon et Wärtsilä, ainsi qu’une forte présence d’ABB, le spécialiste suèdo-suisse des smart grids.

Un déploiement précoce des compteurs intelligents et des smart grids

Sans atteindre la précocité de l’Italie et de la Suède, la Finlande est le troisième pays de l’Union Européenne à s’être lancé dans un déploiement à grande échelle des compteurs électriques intelligents, dès 2009. Le pays était totalement équipé en 2014, ce qui lui a permis de développer de nombreux outils d’optimisation de la consommation électrique, en s’appuyant sur des technologies smart grids.

Parmi les effets positifs de ce vaste plan, la Finlande propose la facturation en temps réel pour ses clients, ainsi que des procédés d’accompagnement pour réduire sa consommation électrique. Le pays a mis en place le contrôle et la surveillance à distance du réseau, ce qui a limité les pannes, a sécurisé l’approvisionnement et a fait baisser les coûts de maintenance.

Optimisation de la consommation et anticipation des nouvelles révolutions de l’électricité

Le réseau électrique finlandais dispose de plus d’informations plus précises et en temps réel sur l’utilisation de l’énergie par ses clients, ce qui lui a permis d’optimiser sa courbe de charge en proposant des décalages de consommation ou en adaptant la production des centrales à combustibles à la demande.

Le pays a par ailleurs déjà expérimenté les prochaines grandes applications qu’offrent les smart grids, et qui auront une importance grandissante dans le paysage énergétique du pays : la production d’énergie à petite échelle, notamment par des panneaux photovoltaïques installés par des particuliers ou des entreprises ; le stockage de l’électricité par les clients : les véhicules électriques et leurs impacts sur le réseau électrique ; le pilotage de la consommation par les opérateurs réseau.

La Finlande, numéro 1 européen de l’énergie de demain

La Finlande est également l’un des premiers pays du monde à avoir démarrer l’installation des compteurs intelligents de seconde génération. Cela place la Finlande au premier rang des pays de l’Union Européenne prêts à basculer pleinement dans une nouvelle approche de l’énergie, décentralisée, optimisée, économe, verte.

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En couplant les avancées en terme de législation et en terme de réalisations et de volonté politique, le pays est même le numéro 1 européen en la matière, à la première place du peloton de tête où figurent également l’Italie, l’Espagne, Malte, les Pays-Bas et la France.

Nous illustrerons, demain, dans la seconde partie de notre étude, l’expertise finlandaise dans les smart grids par deux réalisations à la pointe des dernières technologies, le réseau intelligent LEMENE et le projet Åland FLEXe-demo.

 

 

 

 

 

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