Bâtiments nouvelle génération intégrant numérique, énergies renouvelables, technologies dernier cri et usagers gérant eux-mêmes leur production d’électricité, les smart buildings incarnent la solution de demain pour permettre au secteur du bâtiment d’effectuer sa transition énergétique.

La villa Arpel futuriste imaginée par Tati, ce n’est plus du cinéma. Ni même les bâtiments intelligents qui, pendant longtemps, ont appartenu au genre de la science-fiction. Ils sont désormais tout autour de nous, ces smart buildings (bâtiments à énergie positive) ou smart homes (maisons communicantes individuelles), conçus dans le cadre de la loi du 18 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte, avec tout une gamme de solutions et d’innovations pour optimiser l’énergie. Et pas seulement l’énergie, car les bâtiments intelligents améliorent le confort des habitants, en s’adaptant et suivant les nouveaux modes de vie de notre siècle : développement du télétravail, maintien à domicile des personnes âgées ou à mobilité réduite, généralisation des technologies numériques… Et pour ce faire, ils utilisent toute la technologie connue des smart grids, ces réseaux intelligents que l’on utilise déjà pour l’électricité (comme le compteur Linky), l’eau ou le gaz, déterminant la consommation du bâtiment en énergie. Quant aux capteurs connectés, ils permettent de mesurer en temps réel l’activité du bâtiment (thermomètres, détecteurs de présence, cellules météorologiques…). Mais aussi une Gestion Technique des Bâtiments ou GTB, soit un système informatique qui vise à surveiller l’ensemble des systèmes installés, de l’éclairage à la climatisation, en passant par le chauffage et la vidéosurveillance. On parle ainsi de domotique, apportant confort, sécurité et maîtrise de l’énergie pour ses utilisateurs.

Les bâtiments de demain déjà aujourd’hui

Car deux objectifs principaux se dégagent de ces bâtiments nouvelle génération, mariage entre l’industrie et le numérique, qui suivent déjà les préceptes des lois Grenelle 1 et 2 : collecter des informations (notamment en matière consommation en énergie) et agir en fonction (par un système d’alarmes et de mesures). Soit « l’intégration de solutions actives et passives de gestion énergétique, visant à optimiser la consommation, mais également à favoriser le confort et la sécurité des utilisateurs, tout en respectant les réglementations en vigueur », explique la Direction régionale et interdépartementale de l’environnement et de l’énergie (DRIEE). Objectif 2020 : une réduction de 35 millions de tonnes de CO2 dans le domaine du bâtiment, gros consommateur énergivore. Pour ce faire, il faut que ces bâtiments nouvelle génération bénéficient d’une production décentralisée d’électricité, via des sources d’énergies renouvelables (puits de géothermie, panneaux photovoltaïques, éoliennes…) et la possibilité d’utiliser des véhicules électriques, qui offrent un stockage de l’électricité. Quant au chauffage, il pourrait provenir… des déchets ménagers. La méthanisation de ces derniers permet en effet de produire du gaz méthane. Un procédé déjà largement utilisé chez nos voisins européens, de l’Allemagne aux Pays Bas. C’est déjà le cas du Rooftop à Villefranche-sur-Saône, une série d’immeubles alimentés en énergie, grâce à l’unité de valorisation des déchets du syndicat Sytraival exploitée par Tiru (filiale de Dalkia).

Quant aux données collectées par les smart grids de ces bâtiments, elles vont être traitées pour connaître au mieux besoins et usages, évitant ainsi tout gaspillage en énergie, programmant les appareils électriques et informant les usagers quant à leurs pratiques quotidiennes. Le bâtiment devient ainsi une smart grid à lui tout seul, élément parmi d’autres des smart cities ou villes intelligentes, aux innovations à caractère durable.

Une charte du bâtiment intelligent

La SBA ou Smart Building Alliance a publié le 14 décembre dernier, une codification de l’infrastructure des bâtiments intelligents, avec un label nommé R2S ou Ready2Service et signé par une centaine de groupes de construction. Il sera également certifié Cerqual, Certivea et Qualibat, pour les logements collectifs et les bâtiments tertiaires. Le R2S insiste sur les points primordiaux qui définissent les smart buildings : une connexion à très haut débit (par la fibre optique), une circulation des informations par une architecture de réseaux IP, une haute sécurisation et une gestion centralisée de ces données, une définition précise des équipements connectés, un management responsable et une application des données au service des usagers. En tout, ce sont une soixantaine d’exigences qui ont été formulées, pour un label qui sera lancé à grande échelle dans toute la France. Et qui sera porteur de profits, puisque l’on estime à 216 milliards d’euros l’impact économique d’Internet dans les objets connectés dans les smart buildings dès 2022.

Ce qui lancera également l’activité de plusieurs start-up, bien décidées à profiter de cette nouvelle manne pour rendre des bâtiments encore plus intelligents. De nombreux logiciels sont ainsi lancés sur le marché, comme iQspot (tableau de bord numérique de suivi de consommations énergétiques permettant aux usagers d’être éco-responsables), Ubleam qui connecte les objets à distance (comme des extincteurs) ou encore Astéries, qui surveille la qualité de l’eau des piscines privées à usage collectif.

La notion de partage

Un smart building, c’est aussi un gage de citoyenneté en matière de consommation d’énergie, car il est désormais possible, avec les nouvelles technologies et la loi du 24 février 2017 favorisant les énergies renouvelables, de partager la production d’électricité (notamment via des panneaux photovoltaïques installés sur le toit et reliés par des micro-réseaux) entre plusieurs consommateurs et ainsi faire de l’autoconsommation collective. Ce qui pourrait, à terme, être généralisé à l’échelle de toute une collectivité. Pour le moment, c’est encore limité à des éco-quartiers. Quelques 20 000 foyers pratiquent en France ce nouveau système de consommation quotidienne. Des projets mis en place par des grands groupes tels que Vinci, EDF ou Enedis et permettant une électricité moins onéreuse et plus respectueuse de l’environnement. Une initiative suivie autant à la ville (comme à Bordeaux avec l’immeuble Les Souffleurs et le projet Rexauto raccordant des panneaux solaires sur le toit) qu’à la campagne (le village de Marmagne dans le Cher et SmartMagne, un projet de raccordement de panneaux permettant aux habitants de couvrir jusqu’à 69% de leurs besoins en électricité). Dans les deux cas, quand l’énergie solaire vient à manquer, c’est une plateforme smart grid qui indique comment mieux stocker cette énergie et qui informe les producteurs d’électricité pour prendre le relai. A grande échelle, on peut citer l’exemple d’Ynfluences dans le quartier de Confluence à Lyon, soit huit bâtiments HQE avec 230 logements privés et sociaux, 9 000 m2 de bureaux et 2 500 m2 de commerces, intégrant entièrement le concept de smart city, avec un contrat énergétique signé entre Dalkia, filiale d’EDF et Foncia.

Les logements collectifs intelligents sont également en ligne de mire dans le développement des véhicules électriques, car les smart buildings sont à même de bénéficier de bornes de rechargement. C’est notamment l’objectif du programme Advenir (Aide au Développement des Véhicules Electriques grâce à de Nouvelles Infrastructures de Recharge) initié en 2016 avec pour objectif 5 700 points de charge en habitat résidentiel collectif et 6 300 dans les parkings privés d’entreprises courant 2018. On pourra, ainsi, recharger son véhicule depuis son domicile ou son lieu de travail, grâce à des bornes raccordées au tableau électrique de l’utilisateur ou au tableau d’alimentation des parties communes de l’immeuble. EDF propose d’ailleurs des tarifs préférentiels avec le contrat Vert Electrique Auto qui propose une électricité d’origine renouvelable à 40% moins cher pour des recharges de véhicules électriques la nuit ou le week-end. On n’arrête pas le progrès.

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