Les expérimentations sur le véhicule autonome continuent de se poursuivre, un peu partout dans le monde, le plus souvent en partenariat avec des régies de transport en commun. Navettes et voitures autonomes sont en effet une brique centrale de l’avenir rêvé des transports urbains.

Les jours de la voiture individuelle en ville sont-ils comptés ? La question semble, aujourd’hui, presque provocatrice, mais elle pourrait prendre de l’épaisseur dans les années à venir : entreprises, services municipaux, régies de transports, tous travaillent à des scénarios permettant de limiter la place et l’influence de la voiture personnelle dans l’avenir de nos villes.

Expérimentation de navettes autonomes aux quatre coins de la France

En la matière, le véhicule autonome public, voiture ou navette, est une des clés qui pourrait permettre un recul de la voiture individuelle. En France, les expérimentations de navettes autonomes se multiplient, en région parisienne (Paris, La Défense, aéroport de Roissy), mais aussi à Lyon, Toulouse, Nantes ou Reims : des véhicules effectuent des trajets test, sur de courte distance, toujours accompagnés d’un opérateur chargé de faire œuvre de pédagogie auprès des usagers (et reprendre les commandes en cas de soucis).

La métropole de Rouen fait, en la matière, figure de pionnière : un mini-réseau de taxis autonomes collectifs sera lancé cet automne, auprès du grand public, sur trois circuits complétant le réseau de tramway. Ils seront intégré au réseau local de transport en commun, et pourront être commandés par une application.

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Pour les opérateurs de transport public, une réponse à la question du « premier kilomètre »

Derrière cette initiative, on retrouve Transdev, l’opérateur de transport de la Caisse des Dépôts, qui fait partie avec Keolis, la RATP et plusieurs régies métropolitaines ou régionales, des opérateurs de transport publics à la pointe de la recherche en la matière.

Pour ces opérateurs, les véhicules autonomes figurent la réponse rêvée à la question du premier et du dernier kilomètre, considérée comme l’un des grands freins au développement des transports en commun et à l’abandon de la voiture. Il s’agit du trajet qu’un particulier doit faire depuis son domicile jusqu’à la station de métro ou de tramway la plus proche, puis, à l’arrivée, le trajet de la station jusqu’à son travail. Beaucoup de voyageurs préfèrent encore prendre leur voiture parce qu’ils sont dans une logique de trajet « de porte à porte », et ont l’impression de gagner ainsi du temps.

Une aubaine pour les villes, les zones rurales, les aéroports, les campus, les installations industrielles…

Le véhicule autonome peut répondre à cette limite : « On est dans une logique qui consiste à soigner l’itinéraire de bout en bout, avec une personnalisation de l’offre. Un véhicule autonome vient vous chercher devant chez vous pour vous amener au mode lourd qui vous fera traverser une grande métropole, et à l’autre bout un autre véhicule autonome vous amènera à votre destination finale » expose Mathieu Dunant, directeur de l’innovation à la RATP.

Au-delà de cette utilisation urbaine, les véhicules autonomes pourraient rendre de fiers services aux zones périurbaines et, plus encore, dans les zones rurales dépourvues de réseau de transport en commun (ou limité à un ou deux bus par jour) : automatiser le transport à la demande, voire coupler les trajets personnalisés, permettrait de le rendre abordable – car il est actuellement hors de prix, imposant le transport en voiture individuelle dans ces zones. Plusieurs tests de navettes autonomes ont lieu dans ces espaces.

Les navettes autonomes ont également un bel avenir pour desservir des espaces unifiés par leur activité mais d’une taille rendant les trajets à pieds problématiques : aux quatre coins du monde, des expérimentations ont déjà lieu dans des aéroports, des campus universitaires ou des installations industrielles. Preuve de l’évolution des technologies, les navettes autonomes de l’Université du Michigan, aux Etats-Unis, devraient commencer à circuler sans accompagnateur à bord d’ici fin 2018.

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Combiner transport en commun lourd et véhicules autonomes pour chasser les voitures des villes

« On n’est pas dans une logique de confrontation des modes. Les modes lourds, métro ou tram, vont continuer à exister et vont devoir s’enrichir », pointe Scheherazade Zekri, directrice nouvelles mobilités chez Keolis. Les navettes autonomes pourront en revanche prendre le relai de certaines lignes de bus peu rentables, à la fréquentation aléatoire : les remplacer par un service répondant à la demande, plus souple et modulable, préfigure la mobilité de demain.

L’idée est de compléter l’offre actuelle pour pouvoir faire reculer drastiquement l’utilisation de la voiture individuelle, afin de réduire l’impact carbone des transports de personnes. Sachant que tous les véhicules autonomes sont électriques, et sont ou seront alimentés par des sources renouvelables, cette mutation permettra aussi de limiter fortement les émissions de gaz à effet de serre.

« Eliminer jusqu’à 90 % des véhicules utilisés »

Certains anticipent déjà le recul massif des voitures individuelles dans les centre-villes : un document du gouvernement canadien décrit une ville du futur sillonnée en permanence par des navettes ou taxis automatisés, qui se substitueraient aux voitures personnelles. Une révolution qui va dans le sens de l’histoire, puisqu’une voiture reste en moyenne garée 96% du temps – là où une navette autonome peut être en circulation quasi permanente.

« Selon une simulation, le déploiement de services de taxis autonomes combinés à des systèmes de transport collectif pourrait éliminer jusqu’à 90 % des véhicules utilisés et réduire la durée moyenne des déplacements de 10 % », expose le document Canada 2030, en s’appuyant notamment sur des travaux de l’OCDE.

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Un scénario vertueux, qui nécessite de repenser le réseau électrique

A la clé, de réelles économies d’énergie, des réductions conséquentes d’émission de gaz à effet de serre, rendant envisageable que les villes deviennent neutres en carbone, une pollution sonore considérablement réduite.

Reste à faire évoluer les mentalités des usagers, et à penser un réseau électrique intégrant sources renouvelables intermittentes et bornes de recharge pour véhicules électriques autonomes (comme le permettraient de nombreuses technologies smart grids), pour toucher du doigt cette réalité.

Devant la quantité d’expérimentation dans ce sens, partout dans le monde, et particulièrement en France, dans FLEXGRID par exemple, ce rêve semble parfaitement réaliste.

 

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