Depuis que la législation française a donné un cadre juridique à l’autoconsommation collective, des projets se mettent en place, menés par de grands groupes industriels comme Enedis ou Vinci. Visite guidée vers une pratique riche d’avenir.

En France, environ 20 000 foyers pratiquent l’autoconsommation : disposant d’un équipement photovoltaïque, le plus souvent sur le toit de leur maison, ils utilisent l’électricité qu’ils produisent pour leur consommation quotidienne, et ne puise dans le réseau national qu’en cas d’absence de production – la nuit pour ceux ne disposant pas de dispositif de stockage.

Le gouvernement donne un cadre légal à l’autoconsommation collective

Ce même dispositif existe aussi à l’échelle d’un immeuble ou d’un écoquartier, ou dans des zones isolés, notamment insulaires – mais toujours dans le cadre d’un démonstrateur smart grid autorisé par l’Etat.

Car, jusque l’année dernière, l’autoconsommation collective, permettant d’unir plusieurs consommateurs et plusieurs producteurs, restait interdite de fait en France métropolitaine, car ne disposant pas d’un cadre légal. Les volontés gouvernementales de favoriser les énergies renouvelables ont changé cet état de fait, par la loi du 24 février 2017, complétée par son décret d’application le 28 avril 2017.

Mettre en place des microgrids pour piloter la consommation de l’électricité renouvelable produite

Le texte permet à plusieurs consommateurs et producteurs de se lier au sein d’une personne morale (association, coopérative, copropriété), afin de se repartir la production d’électricité renouvelable an aval d’un même poste de distribution publique d’électricité, grâce à une solution de pilotage intelligente.

Il s’agira dans la majorité des cas de panneaux photovoltaïques, reliés à ce qu’on appelle un microgrid (ou micro-réseau), qui fonctionne en autonomie du réseau national, tout en y restant relié constamment. En effet, si l’électricité auto-produite est insuffisante, le réseau national pourvoit à ce manque ; si elle est produite en surplus, elle peut être réinjecté sur le réseau.

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Favoriser l’autoconsommation collective, un outil de la transition énergétique

Le décret d’application a posé les principes de répartition de la production entre les différents consommateurs ; il a surtout prévu de lier le gestionnaire du réseau public de distribution et la personne morale en un contrat : le gestionnaire réseau, Enedis, doit raccorder les installations électriques et installer des compteurs intelligents Linky chez les clients qui n’en seraient pas déjà équipés.

Le but est de favoriser le développement de cette pratique au niveau national, car elle correspond parfaitement au nouveau visage de l’énergie et de l’électricité : produite et consommée localement pour éviter au maximum les pertes dues au transport, en intégrant un maximum de renouvelables, grâce à des smart grids et des solutions de stockage.

De nombreux projets existent en France pour développer l’autoconsommation collective, à l’échelle d’un immeuble ou d’un quartier, car elle ne présente que des avantages : électricité moins chère, plus respectueuse de l’environnement, augmentant la valeur immobilière des biens, offrant de la flexibilité au réseau électrique.

A Bordeaux, Enedis pilote le premier projet opérationnel d’autoconsommation collective

La première opération d’autoconsommation collective de France vient ainsi de concrétiser à Bordeaux. Il concerne la résidence « Les souffleurs », un immeuble de 60 logements dans le quartier de la gare. Il est mené conjointement par Gironde Habitat, un bailleur social engagé dans le développement durable, gestionnaire de l’immeuble , Inelia, spécialiste des projets photovoltaïques, et Enedis.

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Le 23 octobre 2017, 36 kWc de panneaux solaires ont été mis en service sur le toit de l’immeuble, et raccordés aux six compteurs communicants ; le 1er décembre le projet d’autoconsommation était inauguré. L’ensemble des résidents de l’immeuble ont été raccordés et peuvent bénéficier de cette production locale, réduisant d’autant leur facture d’électricité.

Une expérimentation des gains offerts par l’autoconsommation et les smart grids

Enedis profite de cette première pour mieux connaître les usages et évaluer les effets de l’autoconsommation collective sur le réseau. Le gestionnaire réseau relève les données des compteurs intelligents, les courbes de charge et les clés de répartition communiquées par Gironde Habitat, pour mieux évaluer la place précise que peuvent prendre ces stratégies d’autoconsommation dans l’offre d’électricité au niveau local.

Cette installation est en effet intégrée dans un projet plus large qui vise à définir les solutions smart grid nécessaires à la gestion de la production en fonction de la consommation. Ce projet, nommé Rexauto, réunit cinq entreprise (Enedis, CEAtech, Evtronic, Catie et Inelia), et vise à analyser des opérations de ce type pour en tirer des modèles d’utilisation des smart grids en fonction des usages des clients.

Une commune rurale du Cher se lance aussi dans l’aventure

Autre région, autre projet : dans le Cher, la commune rurale de Marmagne a lancé, le 15 novembre 2017, un projet d’autoconsommation d’une ampleur encore plus importante, associant panneaux photovoltaïques, unité de stockage de l’électricité et pilotage intelligent de la consommation.

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Les panneaux installés fourniront ainsi neuf bâtiments publics, 61 logements et 78 points d’éclairage public. L’objectif est de couvrir 69% des besoins en électricité de ces clients publics et privés ; dans les périodes de pic de production, si l’unité de stockage est déjà pleine, l’électricité produite sera réinjecté sur le réseau.

Atteindre « une adéquation entre la production d’énergie renouvelable et l’autoconsommation »

Baptisé SmartMagne, ce projet réunit la municipalité, le groupe Oxemon, filiale de Vinci, et Enedis. Son objectif est d’atteindre « à l’échelle d’un quartier, une adéquation entre la production d’énergie renouvelable et l’autoconsommation », précisent les partenaires.

 

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SmartMagne bénéficiera de batteries Lithium-Ion d’une capacité de 2,2 mégawattheures, pour répondre à l’intermittence de l’énergie solaire. L’ensemble du dispositif sera piloté par un EMS (« Energy Managment System », système de pilotage de l’énergie), une plateforme smart grid qui déterminera en permanence et en temps réel, via des algorithmes ad hoc, comment optimiser production, stockage et consommation.

SmartMagne sera opérationnelle dans le courant de 2018 ; ces deux projets ne sont que des exemples, les initiatives de ce type se multiplient, faisant rentrer les logiques smart grid dans une réalité quotidienne et industrielle, hors des démonstrateurs.

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